Le projet de loi sur les hydrocarbures élaboré par le gouvernement suscite la colère des Algériens qui ont protesté, hier dimanche, dans plusieurs wilayas du pays. Une occasion pour réitérer le rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre et réclamer le départ de toutes les figures du système. C'est la première fois que les citoyens manifestent en dehors des vendredis et des mardis estudiantins, depuis le début du mouvement populaire du 22 février. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Un climat de vendredi a régné, hier dimanche, à Alger où un impressionnant rassemblement, à proximité de l'APN, a été tenu par des milliers de citoyens contre le projet de loi sur les hydrocarbures. Dans la matinée, les manifestants ont été encerclés par un imposant dispositif sécuritaire qui a bouclé tous les accès vers l'Assemblée, du côté des rues Zighoud-Youcef et Asselah-Hocine. A proximité du siège de l'APN, du côté de la rue Asselah-Hocine, le dispositif sécuritaire a usé de la force pour repousser les manifestants vers la rue Abane-Ramdane. Un premier grand rassemblement s'est formé du côté Zighoud-Youcef, mais le dispositif sécuritaire a verrouillé le passage vers le siège de l'APN et le Sénat, encerclant les manifestants dans le périmètre entre les deux Chambres du Parlement. De l'autre côté de la rue Asselah-Hocine, un autre gigantesque sit-in a été tenu par des milliers de personnes. Munis du drapeau national et de pancartes contre le projet de loi sur les hydrocarbures, les manifestants ont lancé des slogans hostiles au pouvoir, dénonçant un texte qui vise « à brader le pays et ses richesses ». Les manifestants ont crié aussi leur rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre. Sur les pancartes, un seul mot d'ordre : « L'Algérie n'est pas à vendre .» « La loi sur les hydrocarbures sert les intérêts des bandes », lit-on sur une pancarte d'un citoyen. Très en colère et remontés contre la répression, les manifestants ont dénoncé, en outre, le Parlement appelant à sa dissolution. Pour les manifestants, « le gouvernement illégitime, censé gérer les affaires courantes », n'a pas le droit d'élaborer des lois qui engagent l'avenir du pays. Ils ont condamné « les traîtres qui veulent vendre le pays aux puissances étrangères dans l'objectif de les soutenir dans le maintien du système politique ». Dans l'après-midi, les manifestants ont transformé le rassemblement en marche, sillonnant les rues de la capitale. Ce projet de loi est contesté également par les partis politiques et plusieurs experts en la matière. Le projet de loi propose trois types de contrats pétroliers avec les entreprises étrangères. Il s'agit, selon le ministre de l'Energie, Mohamed Arkab, du « contrat de concession », du « contrat de services à risques » et du « contrat de partage de production », précisant que ces trois types de contrats sont en vigueur chez les grandes compagnies pétrolières et gazières. Le même ministre avait fait savoir que les partenaires étrangers, dont nous avons écouté les préoccupations,ont assuré que la règle des 51/49% (règle régissant l'investissement étranger en Algérie) ne constituait pas une entrave et c'est pourquoi elle a été maintenue. « Nous avons discuté avec les grandes compagnies classées parmi les cinq meilleures compagnies dans le monde, et nous avons pu relever deux aspects à améliorer dans l'actuelle loi sur les hydrocarbures, à savoir le cadre réglementaire et le système fiscal », avait-il expliqué, suscitant la colère des Algériens qui voient en ce texte la main de l'étranger. K. A.