Au 12e mardi de mobilisation, les étudiants n'ont pas baissé les bras. Ils sont sortis dans plusieurs universités du pays pour poursuivre le combat contre le système politique qui use de multiples manœuvres pour échapper au verdict du peuple. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - « Dawla madania machi aâskaria (Etat civil et non militaire) .» C'est en entonnant ce slogan hautement significatif que des milliers d'étudiants ont sillonné, hier, les rues de la capitale. La marche hebdomadaire des étudiants a drainé la grande foule, au deuxième mardi du mois de Ramadhan. Le nombre des manifestants était nettement plus important que celui de mardi dernier. Venant des différentes facultés de la wilaya, les étudiants se sont donné rendez-vous à Alger-Centre où un imposant dispositif sécuritaire a été déployé. Les forces de l'ordre ont tenté d'empêcher la marche, en vain. Les manifestants ont forcé tous les cordons non sans bousculades. Contrairement aux semaines précédentes, hier, les manifestants ont choisi un autre itinéraire. Regroupés dès 10h entre la place Audin et la Grande-Poste, ils ont marché vers le siège de l'APN, en empruntant la rue Asselah-Hocine. Lourdement armés avec leurs drapeaux, pancartes, banderoles et slogans, ils ont réaffirmé leur détermination à poursuivre la mobilisation jusqu'au départ définitif du système politique. Tout au long de la marche, entre la Grande-Poste et le siège de l'APN, ils ont entonné des slogans rejetant l'élection présidentielle du 4 juillet, la gestion de la transition par les figures du régime et les tentations d'instaurer un système militaire. Arrivés au siège de la Chambre basse du Parlement, les universitaires ont observé une longue halte. Leurs rangs grossissaient au fur et à mesure que les étudiants des campus situés loin du centre d'Alger arrivaient. Encerclés par un imposant dispositif des forces de l'ordre, les manifestants se sont assis à même la chaussée. Aux agents de l'ordre qui les bousculaient, ils répliquaient : « Silmya silmya (pacifique pacifique» et «Nous sommes étudiants pas terroristes». Sur place, ils ont dénoncé le Parlement et les partis majoritaires qui y siègent avec des slogans qui en disent long sur le sentiment que nourrissent les Algériens à l'égard de cette institution qui est censée représenter le peuple mais qui s'est mise dans le giron de l'exécutif en votant toutes les lois antisociales ces dernières années. Devant l'APN, les étudiants ont demandé le départ du FLN, du RND, du chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, du président de l'Assemblée et de tout le système. Et de chanter leur chanson préférée où ils demandent au « gouvernement de montage et de bricolage, aux bandes de traîtres et de la cocaïne » de dégager. A midi, les étudiants ont poursuivi la marche vers le tribunal de Sidi M'hamed, en passant par la rue Abane-Ramdane. Observant une deuxième halte sur place, ils ont scandé des slogans en faveur de l'indépendance de la justice et d'autres demandant le jugement des voleurs, en citant le nom d'Ahmed Ouyahia. Les manifestants ont emprunté par la suite le chemin inverse pour retourner à la Grande-Poste qu'ils ont occupée après le retrait du dispositif sécuritaire. En réussissant leur deuxième marche du mois sacré, les étudiants ont confirmé que rien ne viendra à bout de leur détermination de rester mobilisés jusqu'à ce que la revendication populaire aboutisse. K. A.