Les citoyens ont tenu à exprimer leur rejet du projet de loi sur les hydrocarbures, de surcroît, élaboré, de l'aveu même du ministre de l'Energie, après consultation de cinq grandes compagnies pétrolières étrangères. Des milliers de citoyens ont participé, hier, au rassemblement organisé devant le siège de l'Assemblée nationale pour exprimer leur opposition au controversé projet de loi sur les hydrocarbures. Un projet que le gouvernement, censé gérer les affaires courantes en ces temps de crise politique profonde, tente de faire passer, et ce, malgré l'illégitimité de l'ensemble des institutions dont, justement, le Parlement, appelé à voter cette loi très sensible. Les citoyens ont répondu aux nombreux appels lancés via les réseaux sociaux depuis que le gouvernement a divulgué ce projet de loi et davantage à l'approche du Conseil des ministres annoncé pour l'examen de ce projet, ainsi que celui relatif à la loi de finances 2020. Regroupés, dès les premières heures de la journée, du côté du boulevard Asselah-Hocine, et en présence d'un important dispositif policier, les citoyens ont tenu à exprimer leur rejet catégorique du projet de loi sur les hydrocarbures, de surcroît, élaboré, de l'aveu même du ministre de l'Energie, après consultation des cinq grandes compagnies pétrolières étrangères ! Ce qui est, naturellement, assimilé par le peuple comme une volonté de "brader les richesses du pays par la bande mafieuse qui accapare illégalement le pouvoir". Mais aussi comme "une vente concomitante" préméditée par les tenants du pouvoir pour arracher la caution des puissances occidentales dont la France et les USA, à la contestée élection présidentielle annoncée pour le 12 décembre. En effet, les citoyens ont clairement exprimé leur rejet à travers une multitude de slogans scandés ou écrits sur des pancartes. "Baâouha el-khawana" (Les traîtres l'ont vendue), allusion à la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, et au pays en général), "Non au bradage des ressources nationales", "Ya Ali, ya Aamar, baâouha bi dollar" (Ils l'ont vendue pour des dollars) — les prénoms cités n'étant autres que ceux du glorieux martyr (Ali La pointe) — ou encore "Le projet de loi sur les hydrocarbures à la poubelle" sont, en effet, autant de slogans scandés à cette occasion par les citoyens, déterminés à faire barrage à ce projet de loi. Connus pour être totalement à la solde du pouvoir, les députés de la majorité n'ont, évidemment, pas été épargnés par les manifestants qui les ont traités de "traîtres". "Vous n'êtes pas nos représentants, espèce de traîtres", "Le Parlement doit être dissous", "Parlement de la honte"... Outre ces slogans factuels, il y avait également les habituels de la révolution du 22 février, hostiles à l'ensemble des symboles du système et à toutes leurs manœuvres dont l'élection présidentielle prévue pour le 12 décembre prochain. "Système dégage", "Gaïd Salah bye bye ! Cette année, il n'y aura pas de vote", "L'Algérie veut son indépendance, les généraux à la poubelle"... L'imposant rassemblement, qui, même des jours ouvrables, a drainé l'ensemble des catégories du peuple, femmes et hommes, vieux et jeunes, a duré plusieurs heures devant l'encadrement, cette fois-ci, plutôt passif des contingents des brigades anti-émeutes. Les manifestants ont clôturé leur rassemblement pacifique par une marche. La procession humaine a sillonné successivement la rue Larbi-Ben Mhidi, l'avenue Pasteur puis l'esplanade de la Grande-Poste, avant de se disperser dans le calme.