La question ressurgit inévitablement, et fait déjà l'objet de débats au sein de certains médias publics : le financement de la campagne des candidats à la présidentielle sera-t-il mieux contrôlé qu'il ne l'a été durant les décennies passées ? Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Le sujet est des plus sensibles, des plus difficiles à cerner aussi, car intervenant dans un contexte marqué par l'existence d'une très grande méfiance à l'égard de tout ce qui peut se rapporter au volet finances pour la préparation d'échéances politiques importantes. Les proportions prises par la «chkara», terrible dénomination donnée aux pratiques vulgaires et outrancières ayant fait leur apparition durant l'ère Bouteflika, ont perverti les mœurs politiques et choqué l'opinion algérienne qui n'en finit pas de découvrir l'étendue de l'étroitesse des relations liant l'oligarchie aux hommes politiques. Tous les dessous de ces scandales ne seront pas encore connus tant que la justice n'aura pas clôturé l'enquête dans laquelle sont déjà impliquées une quinzaine de personnes, dont un ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, mais les bribes ayant filtré en ont fait assez pour jeter le doute et faire de la question du financement des candidats un sujet bien chaud. Dans la conjoncture actuelle, il est évident que chaque fait et geste des postulants à la présidence de la République sera scruté, et qu'il incombera à ces derniers la lourde tâche de faire dans la clarté absolue. Contrairement aux autres scrutins, le contrôle du volet financement des candidats incombe à l'Autorité indépendante chargée des élections (Anie) qui a pris en charge cet aspect dans la mouture finale portant sur les amendements introduits sur la loi électorale datant de 2016. Sur le fond, aucune modification notable ou perceptible n'a été apportée dans les paragraphes relatifs au financement électoral des candidats. Les textes restent les mêmes et stipulent que ce financement doit être issu de la contribution des partis politiques et d'une aide éventuelle accordée par l'Etat. Cette aide est fixée selon un barème inchangé depuis trois ans: 100 millions de DA au premier tour et 120 millions de dinars en cas de second tour. Cette loi interdit également tout financement en provenance de l'étranger. L'inexistence de toute mention relative aux moyens mis en place pour un meilleur contrôle a soulevé quelques questions posées très récemment par des journalistes de la Chaîne 3 à l'actuel président de l'Autorité indépendante de contrôle des élections. Il y a quelques jours, Charfi déclarait, lors d'une émission, que l'Anie avait pour «mission de contrôler le financement de la campagne électorale et qu'elle s'engage à sévir contre l'argent sale». «C'est a posteriori que nous pouvons déceler les finances occultes», précise, cependant, ce dernier. Pas de détails sur ce point précis, «les magistrats ou constitutionnalistes qui composent l'Anie connaissent bien leur métier», disent, à ce sujet, des sources proches du dossier. Des sources qui révèlent également l'existence du souci d'éviter «de mettre inutilement la pression sur les candidats». Ce point est pris très au sérieux, nous dit-on encore. On en veut pour preuve la promptitude avec laquelle le ministère de la Justice a tenu à réagir il y a dix jours à une information faisant état de l'ouverture d'enquêtes au sujet de certains candidats. Dans un communiqué largement relayé par des chaînes de télévision privées, l'institution démentait catégoriquement ces informations. A. C.