Il va falloir beaucoup d'efforts de la part des pouvoirs publics pour convaincre qu'ils ont, enfin, trouvé la voie pour remettre de l'ordre dans les infinis chantiers supposés doter le pays de «véritables industries» et contribuer ainsi à diminuer l'impact sur le rythme inquiétant que connaît la fonte des réserves de change. De ces solutions sur lesquelles les autorités du pays se sont particulièrement focalisées ces derniers mois, il y a l'instauration de la rationalisation des importations des kits CKD/SKD destinés au montage automobile et à la fabrication des produits électroménagers, électroniques et de téléphonie mobile. Une mesure venue corriger la stratégie, si on peut l'appeler ainsi, destinée à donner au pays une industrie dans les deux branches, mais qui a immédiatement induit un gros malaise, pour le moins que l'on puisse dire, dans le milieu des opérateurs aussi bien publics que privés, avec comme point d'orgue, pour l'industrie de l'électroménager, la crise qui a happé, au milieu de l'été écoulé, le fleuron de l'industrie publique de l'électroménager, l'Eniem, qui s'était retrouvé en rupture de stock de ces kits, l'obligeant à mettre en congé forcé plusieurs centaines de travailleurs. Ceci, sans parler des voix qui s'élevaient d'un peu partout, chez les opérateurs du secteur privé, qui voyaient leurs affaires battre gravement de l'aile. Une crise qui intervenait quelques semaines à peine après que le gouvernement eut fait état de la mesure par laquelle il avait décidé d'instaurer la limitation d'importation des kits CKD/SKD, annonçant en parallèle «l'amendement du décret exécutif datant de l'année 2000, fixant les conditions d'identification des activités de production à partir de collections destinées aux industries de montage et celles dites CKD, devant être limitées aux composants essentiels du produit, en intégrant la sous-traitance et en déterminant la durée pour bénéficier des différentes mesures incitatives». Une crise qui s'est quelque peu atténuée après que le ministère de tutelle eut décidé d'autoriser de nouveau l'importation des collections CKD destinées au montage électroménager et électronique suite à l'installation, fin juillet dernier, d'un nouveau comité d'évaluation technique chargé d'«examiner les demandes d'avis technique des opérateurs» avec comme idée force «l'assainissement de cette activité dans le respect du cadre réglementaire», expliquait le ministère de l'Industrie et des Mines, pour assurer qu'il prenait en compte, évidemment, «la préservation des emplois et la sauvegarde de l'activité liée aux industries de montage et aux collections CKD/SKD en vue d'assurer la continuité de l'approvisionnement du marché en produits électroménagers et électroniques». Ainsi, au début du mois de septembre dernier, le ministère relayait l'information selon laquelle le passage en revue de la situation des entreprises de la branche par ce nouveau comité a abouti au rejet de 33 produits électroménagers et électroniques faisant partie de l'industrie de montage en Algérie en raison de «l'absence ou l'insuffisance d'intégration ou d'insertion des composants électroniques après des années d'activité». L'on apprenait également, à ce moment, en dehors des 33 produits rejetés, que 70 avaient fait l'objet de décisions consacrant le régime douanier applicable aux collections dites CKD, c'est-à-dire autorisés à l'importation. Le passage en revue des dossiers des entreprises concernées s'est articulé sur des critères bien précis puisque ayant trait au niveau de production, au taux d'intégration nationale ainsi que les moyens investis pour améliorer la production et le nombre d'ouvriers employés par ces usines, assurait-on au ministère de l'Industrie et des Mines tout en indiquant que le comité a eu à examiner 21 demandes d'avis technique émanant de 17 sociétés de montage «en mettant l'accent principalement sur la création de la valeur ajoutée, c'est-à-dire le niveau d'intégration industrielle qui constitue une priorité de la politique industrielle en matière de montage, vu les avantages octroyés par les pouvoirs publics dans ce domaine». Ceci, tout en rappelant qu'un nouveau décret et un cahier des charges étaient au stade de la finalisation pour encadrer l'industrie de l'électroménager en Algérie. Un cahier des charges régulant le montage dans l'industrie de l'électroménager qui sera, finalement, soumis incessamment au gouvernement pour examen, a fait part jeudi à Alger la ministre de l'Industrie et des Mines, Djamila Tamazirt, tout en précisant déjà que, dans ce document, il est exigé pour les opérateurs de cette branche de parvenir à un taux d'intégration minimal de 20% dès la troisième année d'activité. Azedine Maktour