Pour certaines familles alg�riennes, l��t� est loin d��tre la saison du repos et du bon temps. Le soleil et les vacances c�est pour les autres, ceux qui en ont les moyens. Ces familles pr�f�rent travailler et font appel � leur imagination pour inventer des petits boulots, des activit�s commerciales lucratives qui leur permettent d�empocher quelques dinars de plus pour faire face aux nombreuses d�penses. Irane Belkhedim - Alger (Le Soir) -Samedi. 11h30, station de bus 1er Mai, Alger. Sa�d, 12 ans, propose � la cri�e de petites bouteilles d�eau min�rale. �Eau glac�e � 25 DA! Rafra�chissez-vous la gorge !�, hurle-t-il d�une voix cristalline aux voyageurs impassibles qui attendent inlassablement depuis plusieurs minutes. Le soleil br�le et la chaleur est insupportable, pourtant rien ne d�courage le m�me qui circule habilement dans les autobus qui tardent � d�marrer ou entre les passagers, faisant plusieurs fois le tour de la station. Le sac qu�il porte est lourd. �Je vends de l�eau depuis un mois. Aujourd�hui, j�ai choisi de travailler ici, toute la matin�e. J�irai peut-�tre ailleurs. Jeudi, j�ai �t� � Tafourah. Tout d�pend�, confie-t-il, fi�rement, comme s�il racontait ses exploits. Quelques gouttes de sueur mouillent son visage basan�. Sa�d n�habite pas loin, il est d�Alger, un enfant du quartier, il ne souhaite pas trop donner de d�tails sur lui. �C�est mes parents qui m�ont demand� de travailler pour les aider. Le salaire de papa ne peut pas r�pondre aux besoins de mes cinq fr�res et s�urs. Je suis habitu� maintenant, ce n�est pas difficile !�. Un boulot que l�enfant exerce depuis deux ans et chaque �t� sans rechigner. �a lui arrive de faire le tour des march�s, des stations de bus, de la gare de train. Parfois, il se balade dans les rues, entre dans les boutiques pour d�nicher ses clients et proposer son eau�de survie. Plus loin, le vieux Mohamed a pr�f�r� se reposer sous un arbre � Belcourt car �puis� par une marche sous un soleil br�lant. Ses chapeaux de pailles sont � m�me le sol, sa canne aussi. �Je ne fais rien � la maison. Regardez-moi ma fille, je suis vieux et je m�ennuie !�, dit-il en souriant. Ses chapeaux co�tent 300 DA la paire, l�on peut n�gocier mais Mohamed s�av�re �tre un commer�ant intraitable, il est difficile de lui faire changer d�avis. Souvent, il traverse les ruelles d�Alger, ses chapeaux accroch�s sur sa canne, proposant sa marchandise estivale. �J�en ai vendu trois ce matin et je suis content car hier je n�ai rien vendu ! Pourvu que la chaleur dure pour que je puisse encore en profiter !�. Mohamed �tait gardien dans une entreprise �tatique, il est retrait� depuis sept ans et ce n�est pas du tout repos ! Sa modique pension ne suffit pas pour faire vivre toute la famille, une smala de huit personnes, deux seulement de ses enfants travaillent. Les autres sont ch�meurs ou �tudiants. �L��t� me permet de gagner quelques dinars de plus. De quoi faire face aux prochaines d�penses comme le Ramadan et la f�te ! Je n�ai pas le temps de me reposer ni de m�enrichir !�, dit-il, amus�. Apparemment, la vie et ses tracas n�a pas pu lui arracher sa bonne humeur. La trentaine d�pass�e, Samir lui a eu une tout autre id�e. C�est un vendeur de jus glac�. Pr�par� soigneusement chez lui, le jeune pr�serve la fra�cheur de ses boissons dans une grande bo�te en plastique bourr�e de gla�ons. Le verre est � 30 DA. Souvent, des passagers �puis�s par un long trajet, des passants assomm�s par le soleil alg�rois s�arr�tent chez Samir, le temps de prendre un verre et de se rafra�chir avant de continuer la route. �Les gens se sont habitu�s � ma pr�sence. Il m�arrive de changer d�endroit, d�installer ma table � Tafourah. Les clients, ils faut aller les chercher, c�est �a !�, assure-t-il d�un air connaisseur. Depuis quelques ann�es, c�est le m�me �t� qui se r�p�te. Ses vacances ne sont qu�un vague projet auquel il ne pense plus. �Et puis, le Ramadan est aux portes. Une raison pour ne pas se reposer ! Les prix augmentent et la vie devient plus ch�re�, explique-t-il. Pourtant, d�s que l��t� s�ach�ve, Samir empile ses cabas et reprend sa vie de ch�meur et tentera de se trouver un autre job, un travail stable, avec un peu de chance. �Je n�y pense pas pour le moment�, affirme-t-il.