Pour un pays chargé de l'organisation de la phase finale du CHAN de 2022, une absence lors de l'édition d'avant celle de 2020 au Cameroun, doit être ressentie comme une humiliation. Surtout qu'elle intervient après trois précédentes absences (2014, 2016 et 2018) d'une compétition censée accueillir des nations dont les moyens consacrés à leurs footballeurs locaux sont aux antipodes de ce qu'a consenti l'Algérie. Ce n'était pas une surprise ! Celle-ci l'aurait été si l'EN des locaux avait réussi le miracle d'éliminer le champion sortant du Maroc. La sortie prématurée de l'équipe nationale des locaux est une juste conséquence d'une politique fédérale qui s'accommode plutôt à l'échec. Chez les petites catégories d'abord et les sélections dont la représentativité à l'échelle internationale devrait donner la vraie image de ce qu'est le développement du football local. La FAF de Kheïreddine Zetchi, arrivée en mars 2017, fait le même boulot que celle qu'elle avait «arrachée» de son piédestal. Mohamed Raouraoua a fait de l'EN A son cheval de bataille sans vraiment parvenir à conquérir le continent, malgré deux présences en phase finale du Mondial, et son successeur a garni la vitrine de la fédération d'un second trophée continental sans vraiment donner l'impression qu'il s'agit de l'aboutissement d'un processus viable et valable pour le présent et le futur. Et la nouvelle gifle essuyée des mains du Maroc, en qualifications du CHAN-2020, par les locaux de Ludovic Batelli apporte la preuve que cette FAF ne diffère en rien, sinon à quelques visages près, de sa devancière. En termes de politique et d'objectifs s'entend. Le 3-0 concédé par la sélection algérienne à Berkane est la parfaite démonstration d'un travail de proximité tout à fait bâclé, sans certitudes, accompli par des personnels limités pour ne pas dire incompétents. Les mots sont aussi durs que la réalité de nos équipes nationales qui, ces 30 derniers mois, se sont fait harakiri par des adversaires d'un calibre hautement insignifiant. Des U15 et les U17 aux U23 en passant par les U19 et les féminines, toutes ces sélections ont connu le sort de cette équipe locale façonnée en quelques jours pour qu'elle réalise l'exploit d'écarter, sur deux rencontres officielles, le Maroc dont la préparation est quasi-permanente sous les ordres d'un staff technique local qui veille à mettre tous les atouts pour que certains éléments locaux se hissent parmi l'équipe première du Maroc, désormais, coachée par Vahid Halilhodzic. Une sélection algérienne qui n'a eu qu'une vingtaine de jours de stages, sans aucun match de réplique, et qui ne savait pas exactement qui était son véritable patron et quels sont les joueurs qui pouvaient constituer son ossature, ne peut logiquement prétendre à la performance. Belmadi l'a compris, lui qui a préféré charger le DEN/FAF de la mission de conduire cette équipe hybride qui change d'effectif au goût du jour et des décideurs. Batelli qui a déjà mené les U23 vers la dérive ne peut être rendu pour unique responsable de cette élimination annoncée des locaux. C'est vrai qu'il semblait perdu à découvrir les «qualités» des éléments qu'il découvrait le jour des rassemblements, mais il ne peut se cacher de ne pas pouvoir monter un «11» de base capable de tenir au respect un ensemble marocain qui n'en croyait pas ses yeux devant l'effondrement aussi bien stratégique que psychologique des camarades de Gaya Merbah durant le fatidique quart d'heure. Quel avenir pour Batelli ? Champion d'Europe en 2016 à la barre technique de l'équipe de France U19, Ludovic Batelli a signé son contrat de deux années en février dernier. Il avait pour principales charges la restructuration de la DEN/FAF et la préparation de l'EN U23 en vue des qualifications aux JO de Tokyo. Depuis son arrivée, en remplacement de Boualem Charef démissionnaire avec l'ensemble des staffs en novembre 2018, il devait notamment s'occuper de la mise en place des différents staffs des sélections nationales. Une mission qu'il n'a pu accomplir pour des raisons encore inconnues. Il a lui-même dirigé les U23 puis les locaux et des entraîneurs issus de la DTN ont eu à s'occuper de la préparation de certaines sélections, à l'exemple de l'EN féminine confiée à M. Kamel Betina avant que la FAF ne décide, à la fin du mois dernier, de nommer M. Madjid Taleb en tant que coordinateur de tout le département du football féminin. C'est la seule nouveauté à laquelle M. Batelli n'a pas été associé. Il faut juste savoir que la nomination de l'entraîneur français n'obéit à aucune logique, aucun objectif, sinon à démontrer que la FAF avait les moyens de recruter un coach de renom après s'être débarrassée d'entraîneurs locaux des différentes sélections nationales. Sinon, dans le cas d'un véritable travail de structuration de la DEN, elle aurait proposé à Ludovic Batelli un contrat «longue durée», comme cela se fait dans les fédérations qui se respectent. Or, la FAF a contracté seulement pour deux ans avec l'ancien sélectionneur des U19 des Emirats arabes unis avec qui il n'a travaillé que quelques mois. En effet, il a signé son contrat à la fin mars 2018 et a été limogé au lendemain de la sortie précoce (1er tour) de la sélection émiratie de la Coupe d'Asie (qualificative au Mondial-2019 joué en Pologne) disputée entre octobre et novembre 2018 en Indonésie. Malgré cet échec, Batelli a conservé une valeur marchande très appréciable à telle enseigne que les contacts entrepris par la FAF fin décembre 2018 ont attendu plus de trois mois pour être conclus. L'aspect financier semblait alors comme étant le principal souci des négociateurs de la fédération qui ont, tout compte fait, négligé les autres aspects de la négociation, à l'exemple des objectifs et des moyens pour leur réalisation. Aujourd'hui, l'Algérie n'a que les Verts pour se consoler et ses yeux pour pleurer. L'arbre continue de cacher la forêt. M. B.