180 000 pré-réservations, dix ans de travail, 160 œuvres exceptionnelles, certaines prêtées par la reine d'Angleterre et Bill Gates... L'exposition «Léonard de Vinci», qui ouvre ses portes jeudi au Louvre, s'annonce déjà comme celle des superlatifs. L'accrochage des œuvres terminé, les équipes du musée ont pu découvrir, vendredi, l'exposition organisée dans le cadre des 500 ans de la mort de l'artiste (1452-1519). En voyant toutes ces œuvres réunies, on a presque l'impression de redonner vie à l'atelier de Léonard de Vinci. «On est extrêmement émus», a réagi Vincent Delieuvin, conservateur en chef du patrimoine, département des peintures. «Il faut venir pour être ébloui. On n'en sort pas indemne», a-t-il glissé, alors que 180 000 billets ont déjà été achetés pour cet événement, accessible uniquement sur réservation. Un dispositif mis en place avant l'été pour faire face à l'affluence attendue. Cette exposition offre l'occasion unique d'admirer dix tableaux du maître de la Renaissance (onze en prenant en compte la Joconde) alors que seulement vingt peintures sont attribuées par les spécialistes à Vinci. Parmi eux, La Sainte Anne, Saint Jean-Baptiste et la Madone Benois, prêté par le musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg. Victime de son succès, la Joconde, le tableau le plus célèbre du Louvre qui attire près de 30 000 visiteurs par jour, restera dans la salle des Etats du musée, mais sera présente via une expérience, en réalité virtuelle, proposée en fin de parcours aux visiteurs. Le Salvator Mundi, porté disparu depuis son achat pour une somme vertigineuse il y a un an et demi (450 millions de dollars), a, lui, peu de chance d'être au rendez-vous. Officiellement, il a été acquis pour compléter la collection du Louvre Abu Dhabi. «Le Louvre maintient sa demande de prêt, donc on espère qu'il sera là. S'il n'est pas là, nous avons 162 œuvres, c'est déjà un succès. Seul le Louvre était capable d'une telle réunion car nous avons déjà cinq tableaux originaux de Léonard de Vinci», souligne le musée. Mettre sur pied une telle exposition a nécessité dix ans de travail et des demandes de prêt un peu partout dans le monde, auprès de la reine d'Angleterre qui a prêté 24 dessins, du British Museum, du Vatican et de l'Italie notamment. A l'issue de négociations entre pays et entre musées, Rome a accepté de prêter plusieurs dessins, dont le célèbre Homme de Vitruve, œuvre fragile, conservée à la Galerie de l'Académie à Venise, qui va arriver «de manière imminente», selon le musée. Via un parcours en quatre temps, l'exposition — jusqu'au 24 février 2020 — propose de découvrir dessins, manuscrits, peintures, œuvres de ses contemporains ainsi que des réflectographies infrarouge permettant d'admirer la technique picturale du maître italien.