Il n'y aura pas la Joconde et son insaisissable sourire, mais l'exposition consacr�e � L�onard de Vinci qui s�est ouvert hier � Londres est d'ores et d�j� c�l�br�e au Royaume-Uni comme �historique�. La National Gallery a, il est vrai, r�ussi un joli coup : tout � la fois inventeur, anatomiste, scientifique, philosophe, architecte et artiste, de Vinci n'a peint au total qu'une vingtaine de toiles, dont 15 seulement sont arriv�es jusqu'� nous. Le grand mus�e londonien est parvenu � en r�unir neuf, �le plus grand nombre jamais rassembl�es au m�me endroit� et les seules que les mus�es �trangers ont accept� de laisser voyager. Certaines n'avaient d'ailleurs jamais encore quitt� l'Italie ou la France. �C'est un grand triomphe de la diplomatie�, commente le directeur de la National Gallery, Nicholas Penny. De nombreuses expositions ont, bien s�r, d�j� �t� consacr�es aux multiples talents de l'artiste italien. Mais la National Gallery a choisi cette fois de se focaliser uniquement sur sa peinture et ses dessins, dont une cinquantaine sont pr�sent�s, mettant en exergue l'intense travail de pr�paration de ses toiles. Des �uvres datant des 17 ann�es durant lesquelles de Vinci, fils ill�gitime d'un notaire et d'une paysanne, fut artiste de la cour du duc Ludovic Sforza � Milan, lib�r� des contraintes mat�rielles. Jusqu'au 5 f�vrier, les visiteurs pourront ainsi voir pour la premi�re fois c�te � c�te les deux versions profond�ment diff�rentes de la Vierge aux rochers, celle appartenant au Louvre et celle de la National Gallery, qui a �t� restaur�e mais qui, comme beaucoup des �uvres de Vinci, est inachev�e. �Quand vous regardez de pr�s le tableau (...), vous vous apercevez que certaines parties ont � peine d�pass� le stade de l'�bauche�, souligne Larry Keith, le conservateur du mus�e. �Une b�n�diction cach�e� qui permet de d�couvrir les techniques utilis�es par l'artiste, mais aussi la �marque d'une �uvre toujours en devenir�. L'exposition pr�sente �galement trois portraits consid�r�s comme ayant r�volutionn� le genre : �Le Musicien�, l'unique portrait d'homme r�alis� par de Vinci, �La Belle Ferronni�re� et surtout �La Dame � l'hermine�, une peinture sur bois d�crite comme le chef d'�uvre de ses ann�es lombardes et le premier portrait r�ellement moderne o� l'expression du visage refl�te l'int�riorit� du personnage. Vol�e par les nazis, cette toile, qui repr�sente probablement la ma�tresse de Sforza, a �t� restitu�e � la Pologne apr�s la Seconde Guerre mondiale. D�j� expos�e cette ann�e � Madrid puis � Berlin, o� elle a suscit� des queues de huit heures devant le Bode Museum, elle regagnera ensuite Cracovie pour ne plus en bouger pendant au moins dix ans, a averti le ministre polonais de la Culture. Autre attraction: �Salvator Mundi�, une toile repr�sentant un Christ tenant dans une main un globe de verre et dont on a cru pendant des si�cles qu'elle �tait l'�uvre d'un des �l�ves du ma�tre. Elle ne lui a �t� attribu�e que derni�rement. De quoi assurer au mus�e l'affluence des grands jours, d'autant que les places sont accessibles depuis mai : �Nous avons vendu un nombre de billets sans pr�c�dent�, reconna�t la National Gallery. 500 tickets seront toutefois disponibles chaque jour pour les acheteurs de derni�re minute. Et pour ceux qui ne pourront se rendre sur place, une projection est organis�e dans 40 cin�mas mardi soir, une premi�re. Soucieux d'�viter la cohue provoqu�e par l'exposition Gauguin l'an dernier � la Tate Modern, le mus�e a d�cid� de limiter le nombre de visiteurs simultan�s � 180, au lieu des 230 habituellement autoris�s. Cons�quence : il affiche d�j� complet jusqu'� mi-d�cembre.