L'apparition d'une poésie féminine foisonnante a pour dessein de replacer la femme au centre de la société et a contribué à son émancipation, a estimé, dimanche, à Constantine, l'académicienne Salima Messaoudi. «En plus de vouloir rétablir la place de la femme dans histoire de l'humanité, la poésie féminine s'est longtemps nourrie de la volonté d'abolir les barrières séparant les hommes de la femme en matière d'accès à l'enseignement, à la culture et à l'écriture et de se défaire du poids des traditions misogynes», a indiqué le docteur en littérature arabe contemporaine et enseignante à l'Université de Batna, lors d'une conférence tenue à la maison de la culture Malek-Haddad dans le cadre de la 11e édition du Festival national de la poésie féminine. Elle a ajouté que la prépondérance masculine a «longtemps conduit à occulter la poésie féminine qui existe depuis l'Antiquité», relevant que le retour au-devant de la scène de la poésie féminine dans le monde arabe s'est fait dans le sillon des nombreux genres littéraires ayant vu le jour au cours du dernier siècle en réponse à la littérature coloniale et ses visées hégémoniques. «L'apparition d'une littérature anti-coloniale a permis de donner la parole aux marginaux et aux laissés-pour-compte de l'Histoire», a-t-elle dit. La conférencière a également affirmé qu'«il fallait absolument éviter de comparer ces deux genres au risque d'aboutir à un débat stérile», considérant qu'il existe une relation de complémentarité et non de concurrence. La 11e édition du Festival national de poésie féminine s'est ouverte samedi et enregistre la participation de plus d'une quarantaine de poétesses venues de plusieurs wilayas et de la Tunisie, du Maroc, de l'Egypte, du Liban, du Soudan et de la Palestine. En plus des récitals poétiques, des concerts et des conférences programmées au café culturel Halima-Touati du palais de la culture Malek-Haddad, les invités de cette édition vont bénéficier d'une sortie touristique au site antique de Tiddis.