Le chef de l'Etat par intérim a limogé Rachid Hachichi de la présidence de la Sonatrach, à peine huit mois après sa nomination à la place d'Abdelmoumen Ould Kaddour. Hachichi cède sa place à Kamel-Eddine Chikhi, ancien responsable de la division Association de 2010 à 2016. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Et de trois ! L'année 2019 s'avère être très mouvementée pour la compagnie nationale d'hydrocarbures. Après Abdelmoumène Ould Kaddour et Rachid Hachichi, voici Kamel-Eddine Chikhi. Hachichi quitte le 10e étage du siège de Hydra sans avoir réellement marqué de son empreinte la gestion de la Sonatrach. L'Histoire retiendra juste qu'il a été limogé le jour de l'adoption par l'Assemblée d'une loi sur les hydrocarbures imposée par le pouvoir politique. Pour de nombreux observateurs, Hachichi a péché par son inaction. Il s'est enfermé dans une coquille avec une équipe très restreinte et a même refusé de travailler avec de nombreux cadres de la compagnie. Certains lui reprochent même d'avoir fait appel à des retraités au lieu des compétences de la compagnie. « Le gros souci de Hachichi, c'est sa méconnaissance des dossiers internationaux et son incapacité à gérer les relations avec les partenaires étrangers. Il était en totale opposition avec Ould Kaddour qui avait basé sa stratégie sur l'ouverture de la Sonatrach au monde », précise un responsable de la compagnie. A titre d'exemple, ces derniers jours, Hachichi a refusé de prendre part à l'Adipec d'Abu Dhabi et à l'Africa Oil Week qui s'est tenu au Cap, en Afrique du Sud. Ces deux évènements étaient pourtant l'occasion de rencontrer les plus grands dirigeants de compagnies mondiales. Hachichi a délégué l'ensemble des dossiers internationaux à Hekkar Toufik, vice-président de Sonatrach chargé du Business, développement et marketing (BDM). Ce même Hekkar qui est considéré comme un des rédacteurs de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Mais les résultats sont plutôt négatifs et ils sont inscrits dans le bilan de Hachichi. « L'ex-P-dg a failli dans plusieurs dossiers, notamment les négociations avec Chevron, le géant américain qui est prêt à venir en Algérie après le retrait de dernière minute d'ExxonMobil. Il n'a pas réussi à trouver de solution à la raffinerie d'Augusta en Italie qui s'avère être un véritable gouffre financier. Hachichi n'a donné aucune suite à l'accord signé par Ould Kaddour avec le groupe émirati Air Arabia pour la gestion de Tassili Airlines. Le transporteur a récemment acquis 100 Airbus A320 et 30 devaient être consacrés au renforcement de la flotte de Tassili pour en faire une compagnie d'envergure continentale. Le dernier faux-pas de Hachichi est certainement la gestion du marché de la nouvelle raffinerie de Hassi-Messaoud qui a été remporté par le groupement hispano-coréen Técnicas Reunidas/Samsung pour la 3,8 milliards de dollars. Un dossier épineux qui risque de se transformer en scandale dans très peu de temps », ajoute notre source. Le nouveau P-dg de la Sonatrach a un point commun avec son prédécesseur : tous deux n'ont jamais été membres du conseil d'administration de la compagnie. Le passage par la case « vice-président » étant un atout certain pour comprendre le fonctionnement de la maison. Si Rachid Hachichi a fait carrière dans la production, Kamel-Eddine Chikhi est plutôt un administratif qui a débuté à l'Institut algérien du pétrole (IAP) de Boumerdès. En janvier 2010, Chakib Khelil le nomme à la tête de la division Association de la Sonatrach. Il marquera son passage dans cette importante structure par des opérations de recrutement qui ont fait exploser les effectifs, les faisant passer de 500 à plus de 6 000 travailleurs. Il avait également transformé la division en direction centrale Association rattachée à la direction générale puis en pôle Associations. Il a finalement été limogé de son poste en 2015 par le P-dg Amine Mazouzi et a dû rejoindre son petit bureau de l'IAP. Il faut dire que personne ne s'attendait à voir Chikhi à la tête de la Sonatrach. Reste maintenant à savoir s'il aura la capacité à faire sortir la compagnie de la zone rouge. T. H.