De 2000 à 2019, la compagnie nationale des hydrocarbures aura consommé en P-DG le double de ce qu'elle a connu de 1962 à 2000. Le P-DG de Sonatrach Rachid Hachichi a été limogé, jeudi, par Abdelkader Bensalah pour des raisons jusqu'ici inexpliquées. "Le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, a nommé, ce jeudi 14 novembre 2019, M. Chikhi Kamel-Eddine au poste de président-directeur général du Groupe Sonatrach en remplacement de M. Hachichi Rachid, dont il a été mis fin aux fonctions en cette qualité", lit-on dans un communiqué de la Présidence, diffusé jeudi. Rachid Hachichi n'aura duré que sept mois à la tête du groupe public des hydrocarbures. Il a été remplacé par Kamel-Eddine Chikhi, géologue de formation, qui occupait le poste de directeur des partenariats à Sonatrach. Ce limogeage intervient quelques heures après l'adoption, à l'Assemblée, de la nouvelle loi controversée sur les hydrocarbures, censée asseoir la stabilité et la compétitivité dans le secteur. Rachid Hachichi devient ainsi le sixième P-DG limogé depuis l'instruction du dossier de l'affaire Sonatrach par la justice en 2010. Depuis Mohamed Meziane, condamné dans l'affaire Sonatrach, six P-DG ont été consommés par le groupe public des hydrocarbures depuis 2010, dont le dernier en date, Rachid Hachichi en l'occurrence, a été sacrifié ce jeudi par le chef de l'Etat par intérim. Il aura été le dixième P-DG de Sonatrach sacrifié par les responsables politiques depuis l'arrivée de Bouteflika au pouvoir en 1999. De 2000 à 2019, Sonatrach aura consommé en P-DG le double de ce qu'elle a consommé de 1962 à 2000. Rachid Hachichi avait succédé fin avril dernier à Abdelmoumen Ould Kaddour, à la tête de Sonatrach depuis 2017. Ce dernier a été limogé aussi par Abdelkader Bensalah le 23 avril dernier, sans qu'aucun mot soit soufflé sur les raisons de cette destitution. Le président par intérim a désormais à son actif deux limogeages, alors que la compagnie publique des hydrocarbures fait face depuis plusieurs années déjà à une instabilité chronique. Dans un contexte de ralentissement de son activité, de baisse des investissements étrangers et des contrecoups provoqués par l'affaire Sonatrach, le groupe public d'hydrocarbures peine à remonter la pente, s'enfonçant davantage dans une précarité managériale si préjudiciable pour son image. En plus de cette longue série de limogeages, obéissant plutôt à des calculs politiciens qu'à des enjeux économiques, Sonatrach a été secouée ces dernières années par une série de scandales financiers et de corruption qui ont fait l'objet d'enquêtes en Algérie et à l'étranger. Pour donner l'illusion de rupture avec le régime Bouteflika, les tenants actuels du pouvoir promettent sur fond de populisme la réouverture du dossier Sonatrach ainsi que le réexamen des affaires les plus tonitruantes de l'ère Bouteflika, dont le dossier Khalifa et l'autoroute Est-Ouest. Le 17 juillet dernier, la Cour suprême a ordonné le réexamen des affaires Sonatrach et Khalifa, dans le cadre de la poursuite des enquêtes sur les affaires de corruption et des poursuites judiciaires engagées par la justice depuis fin mai 2019. Une annonce qui équivaudrait à une vaine promesse, puisqu'aucune suite ne lui a été donnée.