C'est avec joie qu'on retrouve nos vieux amis Don Quichotte et son fidèle Sancho. Des femmes sont visibles de temps en temps et donnent une touche de charme supplémentaire à cet agréable voyage artistique. Après plusieurs escales, le visiteur de l'exposition retrouve l'Afrique, notre beau continent. Il y a comme un fil conducteur entre l'univers de Modigliani et celui de Khaled Rochedi Bessaïh. C'est, en tous cas, l'impression laissée par plusieurs œuvres de l'exposition «D'un univers à l'autre » de peinture de l'artiste algérien à la galerie d'arts de Dar Abdeltif à Alger. Le voyage est certainement surréaliste et on trouve même une «Spiritus Elevatione », une sorte d'élévation spirituelle de l'Humain. Les différents «penseurs» font réfléchir le visiteur. Même chose concernant ces visages multipliés. Charmant ce couple de danseurs enlacé ! «J'ai passé mon enfance à dessiner, mais grâce au film Modigliani, j'ai compris ce qui me manquait. En clair, j'ai considéré sa vie comme un appel, et la peinture est devenue, d'un coup, une sorte d'évidence, une certitude. Modigliani reste à mes yeux l'un des plus grands maîtres dans son domaine : sa peinture me parle complètement. Ceci dit, il réalisait des portraits dont les personnages ont vraiment existé. Cet artiste les déformait à sa manière. En revanche, mes personnages sont imaginaires. Je n'ai jamais pris de modèle. Bien entendu, c'est un grand honneur pour moi de voir les autres comparer mon travail à celui du grand Modigliani, mais ce sont deux styles très distincts pour les connaisseurs», a un jour expliqué Bessaïh au sujet des comparaisons de son travail avec celui de l'artiste italien Amedeo Modigliani. Après un baccalauréat série lettres obtenu à Alger, Khaled Rochedi Bessaïh s'inscrit à la Faculté de droit. Mais l'année d'après, il change de cap et intègre l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger, répondant ainsi à l'appel de l'art. Plus tard, il arrive à la conclusion que l'art se vit aussi au-delà des murs d'une école. Il traverse la Méditerranée et s'installe à Paris, où il vit plus de sept ans, en quête de nouvelles aventures humaines et artistiques. Ce séjour lui a permis aussi de nourrir son amour pour la musique et la peinture en se produisant dans des bistrots de quartier et en peignant des toiles qu'il n'ose, d'ailleurs, montrer à personne par crainte de décevoir ses propres rêves. En 2006, il décide de rentrer définitivement en Algérie. Au pays, il a repris ses études de droit et a obtenu sa licence qu'il a rangée aussitôt dans un tiroir. En effet, Khaled Rochedi Bessaïh croise le chemin de l'artiste plasticien et galeriste Farid Benyaâ, qui croit en lui et qui réussit à le convaincre de reprendre ses pinceaux. Désormais, Bessaïh se consacre pleinement à l'art, plus précisément à la peinture, la sculpture et la musique. L'exposition «D'un univers à l'autre» à Dar Abdeltif (El Hamma) restera ouverte jusqu'au 24 novembre 2019. Kader B.