De Tunis, Mohamed Kattou L'actuel chef du gouvernement, Youcef Chahed, ne fera pas partie de l'équipe de son successeur désigné, Habib Jomli. Le deuxième parti en importance au Parlement (Qalb Tounès), du candidat malheureux à la présidentielle, est encore indécis, et Abir Moussi, dont le parti (PDL) qui se réclame du bourguibisme, s'est, elle, inscrite aux abonnés absents. Autant d'événements qui retiennent, depuis deux jours, l'attention des cercles politiques et même la rue en Tunisie. En effet, au moment où le chef du gouvernement désigné, vendredi dernier, s'est mis à l'écoute de toutes les tendances susceptibles d'être représentées dans son gouvernement, des voix s'élèvent pour critiquer ce choix effectué par le parti islamiste Ennahdha,du président du Parlement, Rached Ghanouchi. Notamment, Abir Moussi qui voue à ce dernier une haine viscérale et qui monte au créneau. Après avoir rejeté une invitation du président de la République, Kaïs Saïed, Abir Moussi s'affiche au Parlement comme trouble-fête, et couronne le tout par son refus de participer aux consultations sur la formation du prochain gouvernement. Son attitude est claire : aucun contact avec toute personne ayant un quelconque lien avec le parti islamiste. Pour le citoyen lambda, elle court vers son isolement au Parlement, rappelant l'attitude observée, durant les cinq dernières années, par le leader de la gauche, Hamma Hammami. Pourrait-elle tenir longtemps sans susciter l'exaspération de ses propres soutiens ? Car, avec ses 17 sièges au Parlement, elle ne pèsera pas lourd pour espérer changer le cours des événements. L'autre couac vient, cette fois-ci, du parti Qalb Tounès (Cœur de la Tunisie). Le premier responsable de ce parti, Nabil Karoui, n'a pas digéré «l'ingratitude» de Rached Ghannouchi qui a déclaré que Qalb Tounès n'est pas concerné par le gouvernement. Une telle déclaration a surpris plus d'un car, sans le soutien de Nabil Karoui, Ghannouchi n'aurait pas accédé à la présidence du Parlement. Du moins pas avec autant d'aisance. Quant au chef du gouvernement désigné, il crie à qui qui veut bien l'entendre qu'il est indépendant et qu'il est prêt à dire «non» au parti Ennahdha, bien qu'il fût proposé par le majless choura de ce dernier. Ghannouchi le laissera-t-il faire à sa guise ? C'est la question que se posent les cercles politiques et les observateurs dans la capitale tunisienne, sachant que le chef du parti islamiste a plus d'un tour dans son sac, et que ses cartes sont variées. Car un gouvernement qui ne bénéficie pas du soutien des 52 députés du parti islamique n'a aucune chance de gagner la confiance du Parlement. Toujours est-il que M. Habib Jomli peut mettre à profit la période d'un mois que lui accorde la Constitution, pour multiplier ses contacts et élargir au maximum ses consultations avec les partis politiques, les organisations nationales et les représentants de la société civile dans le but de former, comme il l'a dit, un gouvernement de compétences. M. K.