La partie n'est toutefois pas gagnée par Ennahdha qui doit avoir 109 sur 217 des voix au Parlement pour pouvoir former son gouvernement. Le choix par le parti islamiste Ennahdha de Habib Jomli comme Premier ministre pour former un nouveau gouvernement en Tunisie a essuyé de nombreuses critiques de la part de plusieurs formations politiques, mettant en avant le fait que la personnalité est proche du parti Ennahdha et "a bénéficié de sa caution à maintes reprises dans les différents postes de responsabilités qu'il a eu à occuper". Habib Jomli, ancien secrétaire d'Etat, a été proposé au poste du chef du gouvernement par le parti Ennahdha, arrivé en tête des législatives du mois d'octobre en Tunisie, conformément à la Constitution. Le choix de M. Jomli a été validé par le président de la République, Kaïs Saïed. "L'engagement des négociations pour former un gouvernement doit s'effectuer sur la base d'un programme global mobilisant toutes les capacités matérielles et morales du pays pour relever les défis économiques et sociaux", a plaidé la formation politique Ennahdha dans une déclaration publiée samedi soir, au terme d'une réunion extraordinaire de son bureau politique. Face à ces refus, le parti dirigé par Rached Ghannouchi a appelé les forces politiques et sociales en Tunisie à entamer des négociations en vue de former le plut tôt possible un gouvernement inclusif. Habib Jomli a été choisi par le mouvement Ennahdha pour sa compétence et son expérience dans les domaines économique et financier en général et dans les affaires agricoles en particulier, a précisé le mouvement Ennahdha dans son appel, insistant encore sur l'indépendance partisane de Habib Jomli. Et d'estimer qu'"il est une figure reconnue pour son intégrité et son enthousiasme au service de l'Etat, la lutte contre la corruption et l'aspiration à créer un changement positif dans la vie des Tunisiennes et des Tunisiens". Mais il est loin de convaincre une classe politique sceptique qui l'accuse d'avoir conclu un accord avec Qalb Tounès de l'homme d'affaires Nabil Karoui pour gouverner. Aussi, selon le journal Realité Tunisie, le président Kaïs Saïed s'est opposé au choix de Habib Jomli, lui préférant Mohsen Marzouk. "Mais Rached Ghannouchi a rejeté le choix du président de la République, insistant pour confier à Jomli le soin de composer le prochain gouvernement", a affirmé la même source. La partie n'est toutefois pas gagnée par Ennahdha qui doit avoir 109 sur 217 des voix au Parlement pour pouvoir former son gouvernement. À défaut de majorité à l'issue de ce délai de deux mois après les législatives, le président Kaïs Saïed pourra proposer une autre personnalité, alors que le scénario d'une nouvelle personnalité est pour l'ensemble des observateurs de la scène politique tunisienne exclu. Autrement dit, le risque de convoquer de nouvelles législatives n'est pas exclu. En attendant, l'actuel Premier ministre et malheureux candidat à la présidentielle anticipée de septembre dernier, Youssef Chahed, a été chargé d'expédier les affaires courantes dans un pays qui est en besoin urgent de stabilité pour sortir de la crise sociale et économique qu'il vit ces cinq dernières années.