De nos envoyés spéciaux, Mohamed Kebci et Samir Sid Ali Benflis ne s'est pas privé de répliquer, sans le nommer, au ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, auteur, la veille, de propos, le moins que l'on puisse dire, gravissimes. «Je ne suis pas venu ici pour vous parler du passé mais pour un projet d'ensemble pour sortir le pays de la crise politique, économique et sociale dans laquelle il patauge», a d'emblée affirmé le candidat à l'élection présidentielle du 12 décembre prochain, hier mercredi, à la salle de spectacles de l'ancienne Maison de la culture de Relizane. S'exprimant, à la mi-journée, devant ses partisans qui l'ont attendu deux heures durant, le candidat a soutenu avoir des solutions aux problèmes du pays. À la tête de ces solutions, faire recouvrer aux institutions de l'Etat leur légitimité à travers des élections transparentes. À commencer par la présidence de la République, avant que le processus ne touche les assemblées élues, à leur tête l'Assemblée populaire nationale de laquelle sera issu un gouvernement de compétences. Une fois cette mère des crises réglée, le président du parti des Avant-gardes des libertés a mis ensuite le cap sur les autres urgences qu'il propose dans son programme électoral élaboré, a-t-il précisé, sur la base de la sincérité et de l'honnêteté, deux valeurs sur lesquelles la génération qui a libéré le pays du joug colonial français a axé son action révolutionnaire. Et de s'interroger faussement : «Pourquoi ne pas rééditer cette épopée pour faire sortir notre pays de la crise dans laquelle il est empêtré ?» Promettant d'être le serviteur du peuple, le candidat a affirmé n'avoir aucune animosité envers quiconque, estimant que la solution passe inévitablement par l'élection présidentielle du 22 décembre prochain. Abordant la crise économique, Benflis, qui dira détenir la clé, a soutenu, en prenant en exemple la wilaya de Relizane, qu'il suffira juste de valoriser les potentialités agricoles, touristiques et industrielles. Au chapitre social, le candidat a renouvelé son engagement à faire de la femme le cheval de bataille de son action, s'engageant à lui attribuer une pension en contrepartie de ce qu'elle accomplit, et au quotidien, comme noble mission d'éducation des générations. Il a également réitéré son engagement à enclencher une concertation tous azimuts pour trouver ensemble des solutions aux problèmes des diverses franges de la société et autres corporations professionnelles. Des chantiers qu'il a promis d'ouvrir, tenant néanmoins à préciser ne pouvoir rien proposer de concret comme augmentation du SNMG (salaire national minimum garanti), sans savoir au préalable ce qu'il y a dans les caisses de l'Etat. «Je ne suis pas partisan de la fitna», a-t-il, par ailleurs, déclaré, invitant à faire l'économie de l'insulte et de l'invective, dans une réplique, sans le nommer, au ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire qui, la veille, avait traité ceux qui appellent au rejet de la prochaine élection présidentielle de minorité de «pseudo-Algériens, traîtres, mercenaires et homosexuels au service des résidus du colonialisme». Et au président du parti des Avant-gardes des libertés d'ajouter qu'il y a ceux qui ont une autre vision de sortie de crise et ils ont le droit de l'exprimer. Et de soutenir être venu en rassembleur de tous les Algériens. Le candidat Benflis a eu également à évoquer notre très large diaspora de près de sept millions de nos compatriotes établis sous d'autres cieux. Un autre lourd dossier qu'il s'est engagé à ouvrir tant, selon lui, cette communauté est le creuset de compétences dans divers secteurs qu'il s'agira de mettre au bénéfice du pays. Ceci non sans regretter le traitement dont elle fait l'objet, citant en exemple l'interdiction aux binationaux de postuler aux hautes fonctions étatiques. Lors de son second meeting électoral qu'il a animé en fin d'après-midi à la bibliothèque centrale de lecture publique Malek-Bennabi de Aïn-Temouchent, Benflis a renouvelé son diagnostic de la situation du pays et le remède qu'il préconise. Il a insisté sur son programme d'urgence économique, basé sur la libération de l'initiative, la dépolitisation de l'acte économique et la répartition équitable des richesses nationales. Il a réitéré sa promesse d'ouvrir de nombreux dossiers liés à des franges et corporations, citant, entres autres, les Patriotes, les gardes communaux ou encore les médecins-résidents, avec comme ligne de conduite le dialogue et la concertation. Une manière de soustraire l'armée et les divers corps de sécurité de la gestion de ces conflits pour se concentrer sur leurs missions constitutionnelles qu'ils accomplissent, par ailleurs, avec brio. Le candidat Benflis a également promis de revoir le statut des corps des affaires religieuses avec la perspective de promotion selon les diplômes, tout comme il s'est engagé à ouvrir le dossier du hadj et de la omra, notamment en matière de tarification la plus élevée, selon lui, en comparaison avec les pays voisins. Pour le dix-neuvième jour de la campagne électorale, Ali Benflis sera, aujourd'hui, jeudi, à Tebessa et à Constantine. M. K.