Ce qui se susurrait depuis que les Américains d'Anadarko ont matérialisé la cession de leurs actifs en Afrique, dont ceux détenus en Algérie, a finalement abouti à ce à quoi beaucoup de spécialistes s'attendaient : l'exercice de leur droit de préemption par les Algériens. Un autre chapitre de la cession des actifs d'Anadarko en Afrique, dont ceux détenus en Algérie, est donc désormais ouvert. Le ministère de l'Energie a, en effet, annoncé, dans un communiqué diffusé hier, la décision de Sonatrach d'exercer son droit de préemption sur les intérêts détenus par Anadarko en Algérie, et ce, suite à la décision du ministre venue après l'opération fusion/acquisition effectuée le 3 août dernier entre Anadarko et Occidental Petroleum (OXY), opération jugée «incompatible» avec la réglementation en vigueur. Une opération fusion/acquisition qui a valu, doit-on le rappeler, par ses coups de théâtre puisque OXY ne s'est pas payé Anadarko aussi facilement. En effet, un bras de fer a opposé les deux américains, Chevron et OXY, pour le rachat d'Anadarko pour lequel le premier avait, au début du mois d'avril dernier, mis sur la table 33 milliards de dollars avant que le second surprenne tout son monde en offrant, vers la fin du même mois, 38 milliards de dollars avant que le prix de la cession n'avoisine finalement les 55 milliards de dollars. Puis, le 5 mai dernier, venaient les Français de Total pour annoncer la conclusion d'un accord avec OXY pour le rachat des actifs africains d'Anadarko. Hier donc, l'on a appris qu'Anadarko, partenaire de Sonatrach sur le périmètre de Berkine, a sollicité, conformément à la loi sur les hydrocarbures, l'approbation du ministre de l'Energie pour le changement de contrôle d'Anadarko-Algérie au profit de la compagnie OXY et, en fin de compte, et en vertu de la réglementation en vigueur, le ministre de l'Energie, Mohamed Arkab, s'est prononcé sur cette opération et a déclaré son « incompatibilité » avec le maintien d'Anadarko dans le contrat d'association sur le périmètre de Berkine. En conséquence donc, Sonatrach exercera son droit de préemption et met ainsi entre parenthèses les ambitions de Total en Algérie. Pourtant, après la conclusion comme il le souhaitait d'un accord avec le Mozambique concernant les actifs d'Anadarko, il y a environ deux mois, il était fait état par Total, sur un ton optimiste, de la poursuite des opérations de finalisation pour ce qui concerne les actifs d'Anadarko en Algérie, au Ghana et en Afrique du Sud, reléguant ainsi aux oubliettes les doutes émis, fin mai dernier, lorsque le ministre algérien avait laissé entendre que Sonatrach userait des moyens à sa disposition pour «préserver ses intérêts». Ce à quoi le patron de Total, Patrick Pouyanné, lors d'une assemblée générale des actionnaires, avait répondu qu'il était tout à fait normal que les autorités de chaque pays producteur souhaitent avoir un dialogue avec leurs principaux partenaires. Depuis, des discussions ont eu lieu entre les responsables algériens et les patrons de Total pour finalement aboutir à ce qui prend les allures d'un coup dur pour les Français de Total qui se voyaient bien prendre le relais des Américains d'Anadarko qui étaient considérés parmi les partenaires les plus privilégiés de Sonatrach depuis plus de deux décennies comme l'illustraient les 25% du million de barils de production moyenne par jour du brut algérien, jusqu'à il n'y a pas longtemps, assurée par Anadarko. Azedine Maktour