Le rapport annuel de la Cour des comptes sur le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques, (LNCPP), publié ce 4 décembre dans le Journal officiel, est alarmant. Le rapport pointe du doigt de nombreuses failles en matière de contrôle et d'expertise des produits pharmaceutiques mis sur le marché national, en affirmant que ce laboratoire n'assure pas pleinement ses missions de contrôle. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - L'ensemble des produits pharmaceutiques mis sur le marché national passent par le LNCPP pour validation. D'ailleurs, aucun produit ne peut être mis sur le marché sans une préalable autorisation de ce laboratoire, qui a pour mission le contrôle de la qualité et l'expertise des produits pharmaceutiques qui comprennent les médicaments, les réactifs biologiques, les produits chimiques officinaux, les produits galéniques, les objets de pansement et tous les autres produits nécessaires à la médecine humaine et vétérinaire. Or, le rapport de la Cour des comptes, effectué au titre des exercices 2014 à 2017 sur le LNCPP est accablant. La vérification de la Cour fait état de «nombreuses faiblesses dans la gestion du laboratoire, ainsi que des lacunes dans la prise en charge de ses missions de contrôle et d'expertise des produits pharmaceutiques mis sur le marché national, dont l'étendue exigée par les textes en la matière n'est pas couverte par le laboratoire», lit-on dans le rapport. Le compte-rendu de la Cour des comptes relève que le laboratoire n'assure pas pleinement l'exercice de ses missions. Ainsi, il a été constaté l'absence de contrôle physico-chimique, lors de l'enregistrement des produits pharmaceutiques, pour manque de réactifs et d'équipements. Concernant le contrôle de la qualité des produits commercialisés sur le marché national, lit-on, les produits pharmaceutiques acquis dans le cadre de l'autorisation temporaire d'utilisation ne sont pas contrôlés, alors que les dispositifs médicaux le sont peu. Il est relevé également l'absence de contrôle de la qualité des vaccins et réactifs mis sur le marché. La Cour des comptes a fait remarquer que «les réactifs et produits chimiques, comme tout produit pharmaceutique, sont assujettis au contrôle de la qualité. Or, les produits mis sur le marché national par les laboratoires (privés et publics) ne sont pas soumis au contrôle de la qualité. Seuls les réactifs acquis par le LNCPP pour ses propres besoins sont soumis notamment au contrôle microbiologique, par ses soins. Selon les responsables du LNCPP, ils sont contrôlés par les moyens propres des laboratoires en question. Par ailleurs, en réponse à une demande d'expertise du vaccin Pentavalent (antidiphtérique, tétanique, coquelucheux et hépatite virale B), émanant de l'Institut Pasteur d'Algérie, le LNCPP a répondu qu'il n'est pas en mesure d'effectuer le contrôle qualité de ce type de vaccins , car il ne possède pas de matériel de contrôle immunologique spécifique aux vaccins, que les logiciels de lecture des données, en ce qui concerne le contrôle physico-chimique ne sont pas adaptés aux vaccins, que le laboratoire fabricant reste le seul à détenir les réactifs biologiques spécifiques (antigènes et anticorps de référence), et que les techniques de contrôle des vaccins ne sont pas maîtrisées par le staff technique. En 2009, le LNCPP a vécu une situation similaire concernant le vaccin H1N1 où il a été contraint de demander une expertise auprès de l'Institut Pasteur de France et de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM ex-AFSSAPS).» A souligner que la mission de contrôle des vaccins relève de l'Institut Pasteur d'Algérie. Le rapport continue de pointer du doigt les failles de ce laboratoire, en notant l'insuffisance des contrôles des stupéfiants et des produits cytotoxiques destinés aux cancéreux. Concernant ces derniers, le rapport a noté que «l'exploitation des données fournies par la PCH en ce qui concerne les produits de la cancérologie réceptionnés et présentés au contrôle du LNCPP fait apparaître que très peu de produits pharmaceutiques de la classe cancérologie font l'objet de certificat de libération (après évaluation et analyse). Les produits issus de la production nationale ne sont pas soumis au contrôle du LNCPP, alors que 95% de ceux importés sont libérés avec la mention sous toute réserve ou sous la responsabilité du fabricant». La même source a également noté que les produits pharmaceutiques à usage vétérinaire et les plantes médicinales ne sont pas contrôlés, que les missions de surveillance d'innocuité des produits commercialisés sont peu prises en charge par le LNCPP, et les études de bioéquivalence pour la libération des produits pharmaceutiques génériques sont insuffisantes. Selon le rapport, l'évaluation de l'activité de bioéquivalence au niveau du LNCPP a révélé une faible activité, soit la réalisation d'une seule étude en 2016 et deux études en 2017. S. A.