Le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed avait déjà relevé de graves irrégularités dans la phase de lancement du projet et de mise en exploitation de l'usine de montage de KIA Al-Djazaïr. L'ancien ministre de l'Industrie et des Mines Mahdjoub Bedda a été placé, hier, sous mandat de dépôt par le juge d'instruction près la Cour suprême dans l'affaire KIA Al-Djazaïr de la société Gloviz, relevant du groupe Global Motor Industry (GMI), pour octroi d'indus avantages au patron de ladite société, Hassan Arbaoui, incarcéré, la semaine dernière, à la prison d'El-Harrach. Selon nos sources, Mahdjoub Bedda a été entendu sur la faillite programmée du secteur automobile qui avait éclaboussé son prédécesseur, Abdeslam Bouchouareb, accusé nommément de tentative de corruption par le patron du groupe Elsecom et ex-propriétaire de la marque coréenne KIA, Abderrahmane Achaïbou. Entendus le 19 juin dernier par le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed, Mahdjoub Bedda et son successeur, Youcef Yousfi (placé sous mandat de dépôt dans l'affaire Tahkout), avaient révélé les dessous de corruption liés à l'usine de montage de véhicules de marque KIA, affirmant que le patron de GMI avait bénéficié de tous les avantages, des exonérations, des crédits bancaires et des infrastructures durant la période allant de 2014 à 2017, c'est-à-dire à l'époque où Abdeslam Bouchouareb était ministre en charge de ce secteur. Mais les chefs d'inculpation retenus par la justice ont aggravé le cas du mis en cause. Il faut savoir que le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed avait déjà relevé de graves irrégularités dans la phase de lancement du projet et de mise en exploitation de l'usine de montage de KIA Al-Djazaïr du temps où Mahdjoub Bedda était en poste. L'instruction, qui a duré plusieurs heures, a abouti à la mise en détention provisoire et à l'incarcération à la prison d'El-Harrach, en plus du P-DG de GMI, de quatre fonctionnaires du ministère de l'Industrie et des Mines, de l'actuel P-DG de la Banque nationale d'Algérie (BNA), Achour Aboud, et d'un ex-directeur d'une entreprise économique publique. Aussi, l'enquête judiciaire a concerné quatorze personnes physiques pour des crimes liés au blanchiment d'argent et au transfert de biens obtenus par des faits de corruption et bénéfice du pouvoir, influence des agents de l'Etat durant l'établissement de contrats et de marchés et dilapidation des deniers publics. Dans cette même affaire, la justice a également retenu d'autres chefs d'inculpation, dont la participation à la dilapidation et à l'utilisation de fonds de banque, abus de fonction intentionnel à l'effet d'accorder d'indus privilèges à autrui, exercice d'une activité professionnelle par un agent public dans une entreprise qu'il est chargé de contrôler et conclusion de marchés avec la même entreprise dans un délai inférieur à deux ans. Pis encore, deux personnes morales, à savoir deux entreprises commerciales en rapport avec l'activité du principal mis en cause, ont aussi été accusées. L'extension des délits a également abouti à la mise sous contrôle judiciaire de l'ex-directeur général de la promotion de l'investissement au ministère de l'Industrie ainsi que les deux frères de l'accusé principal et à la relaxe de quatre autres prévenus. Cette affaire de grande corruption, dans laquelle était impliqué l'ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia pour octroi d'indus avantages au titre de l'octroi de marchés publics et de contrats en violation des dispositions législatives, de la dilapidation de deniers publics et d'abus de pouvoir et de fonction, révèle les dégâts collatéraux causés notamment au Trésor public, au foncier industriel et à l'image de KIA, une marque qui risque, à terme, de perdre le deuxième marché de l'automobile en Afrique. Il faut rappeler que le scandale de la marque KIA avait débuté en juillet 2017, quand Mahdjoub Bedda avait accablé Abdeslam Bouchouareb, en affirmant que "l'importation déguisée, c'est terminé en Algérie !". Une année plus tard, c'était au patron du groupe Elsecom de monter au créneau pour dénoncer publiquement un ministre en exercice, à savoir Bouchouareb, de tentative de corruption. FARID BELGACEM