Le traitement des affaires de corruption s'est accéléré de manière manifeste ces trois derniers jours durant lesquels un défilé d'anciens ministres et hauts responsables a été observé tant au niveau de la Cour suprême qu'au tribunal de Sidi-M'hamed. Abdelghani Hamel et ses deux fils auditionnés Une frénésie particulière régnait d'ailleurs hier aux alentours du tribunal en question. Une information en cours depuis quelques jours laissait, en effet, entendre que l'ex-patron de la DGSN allait être amené ce lundi matin. Plusieurs journalistes et équipes de télévision sont déjà sur place à 9 h et on leur confirme l'arrivée prochaine de Abdelghani Hamel et de ses deux fils. Une audition par le juge d'instruction de la cinquième chambre a été programmée. Les concernés arrivent un peu plus tard, aux alentours de dix heures, transportés dans un fourgon cellulaire en provenance d'El-Harrach. Cette audition est destinée à faire avancer les dossiers contenant les faits pour lesquels ils sont poursuivis. Hamel et ses fils ont été placés sous mandat de dépôt un vendredi matin, le 5 juillet dernier, après avoir été entendu depuis la veille (un jeudi) par le procureur de la République et un juge d'instruction du tribunal de Sidi-M'hamed sur des affaires portant sur des détournements de foncier, activités illégales, trafic d'influence, mauvaise utilisation de la fonction (pour Hamel) et enrichissement illicite. L'épouse de l'ex-DGSN avait, elle aussi, comparu à la même période, mais le juge a décidé de la placer sous contrôle judiciaire. Sur place, des avocats, bien au fait de la situation, affirmaient que le dossier Hamel était assez compliqué dans la mesure où il nécessite l'audition et probablement la confrontation de très nombreux témoins avec les prévenus. Le même jour, Mohamed Djemaï devant le juge d'instruction de Sidi-M'hamed Il se trouve que l'ancien directeur de la Sûreté nationale (DGSN) et ses enfants ont été appelés à comparaître devant le juge d'instruction le jour même où l'ancien secrétaire général du FLN Mohamed Djemaï a été lui aussi sorti de sa cellule d'El-Harrach pour comparaître devant un autre juge d'instruction chargé de son dossier. Ce dernier avait été placé en détention provisoire en septembre dernier. Il est principalement poursuivi pour destruction et dissimulation de documents officiels. Son épouse, qui n'est autre que la fameuse magistrate du tribunal d'El-Harrach, a été elle aussi placée le même jour sous mandat de dépôt. Les agissements contraires à la loi de cette magistrate avaient été révélés suite à une enquête ordonnée par Belkacem Zeghmati dans le milieu de la justice. Il est apparu que cette dernière avait œuvré pour dissimuler une sombre affaire dans laquelle était impliqué son époux et pour lequel elle avait falsifié des documents judiciaires. Hier, des sources affirmaient que cette dernière allait également comparaître durant la même journée devant le juge d'instruction. Le tribunal de Sidi-M'hamed se trouvait donc une nouvelle fois dans une situation exceptionnelle. Sur place, on a pu également remarquer la présence (à l'intérieur) de Nouria Zerhouni, ex-wali de Boumerdès venue retirer son jugement après sa condamnation, la semaine dernière à cinq années de prison ferme dans le cadre du procès sur l'automobile. Nouria Zerhouni a été laissée en liberté puisque le juge qui a condamné Ouyahia, Sellal, ainsi que deux autres ministres et trois hommes d'affaires n'a pas prononcé de mandat de dépôt à l'audience. L'ex-wali de Boumerdès était poursuivie pour octroi d'un terrain agricole à Mohamed Baïri, patron du groupe Ival. Durant le procès, elle avait affirmé que le terrain en question avait été déclassifié par son prédécesseur et qu'elle avait trouvé le dossier en cours. Mohamed Hattab à la Cour suprême L'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports et ancien wali de Béjaïa est arrivé dès les premières heures de la matinée à la Cour suprême où il a été auditionné sur l'affaire du groupe Amenhyd. Son P-dg et son frère associé avaient été incarcérés à la fin du mois d'août passé après une longue audition basée sur une enquête menée par les éléments de la brigade de gendarmerie de Sidi-M'hamed. Cette enquête avait révélé l'existence de mouvements de capitaux de et vers l'étranger ainsi que la conclusion de marchés obtenus de manière irrégulière. L'ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal avait également comparu dans cette affaire. Il est soupçonné d'avoir accordé d'importants marchés de manière illégale au groupe Amenhyd, mais il n'est pas le seul ancien haut responsable à avoir été cité dans ce dossier. Hocine Necib, ancien ministre de l'Hydraulique, et trois anciens walis sont concernés. C'est ailleurs à titre d'ancien wali que Mohamed Hattab comparaissait hier devant le juge d'instruction de la Cour suprême. Il est également soupçonné d'octroi d'indus avantages à Amenhyd durant ses mandats à Sidi-Bel-Abbes et Béjaïa. Après son audition en août dernier, il avait été placé en liberté provisoire. Hier, le juge aurait procédé à une confrontation entre les patrons de ce groupe et Mohamed Hattab. D'anciens hauts responsables du ministère de la Solidarité également entendus A l'heure où l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports était auditionné, d'autres anciens hauts responsables du ministère de la Solidarité nationale étaient également entendus par un juge d'instruction. Les informations qui étaient alors en cours indiquaient la présence de Djamel Ould Abbès, Bouchenak Khelladi, ancien secrétaire général du ministère de la Solidarité, et de Saïd Barkat (ancien ministre de la Solidarité nationale). Abderrahmane Achaïbou, un témoin important à la Cour suprême Le patron de Elsecom a été entendu la veille, dimanche, au niveau de la Cour suprême où il a comparu en qualité de témoin dans une affaire que l'on dit probablement liée au dossier automobile. Dans ce genre de situation, la justice ne communique pas sur les procédures qui se déroulent. Elle le fait généralement en fin de processus ou à la suite de décisions prises. Abderrahmane Achaïbou est l'un des témoins ayant lourdement accablé les deux ex-chefs de gouvernement et les anciens ministres de l'Industrie ayant comparu en procès dans l'affaire de l'automobile. Dans son réquisitoire, le procureur a présenté l'homme d'affaires comme étant un témoin important, une victime des procédés illégaux de ces anciens responsables. Il avait désigné Abdeslam Bouchouareb comme étant responsable de la ruine de son entreprise. La justice a décidé que les responsables de cette situation lui versent une indemnisation de 200 milliards de DA. Abla Chérif