Zedek Mouloud, chanteur-compositeur-interprète qui n'est plus à présenter, s'apprête à fêter 38 années d'une carrière accomplie, riche de 19 albums et de nombreuses productions sur scène, en Algérie et à l'étranger. Son dernier album Ney Delmey ! (Ai-je tort !), avec un point d'exclamation ô combien important, précise-t-il, est sorti le 23 novembre dernier. Un double album de 14 titres qui a ravi ses fans et fait le buzz, aussi bien sur les réseaux sociaux qu'au niveau des disquaires tant il a été aussitôt écoulé en grandes quantités, provoquant même une rupture de stock le premier jour de vente, au niveau de Rex Productions, son producteur. Un succès phénoménal que se sont arraché ses admirateurs enthousiastes qui en ont fait l'écho aux quatre coins de la planète, les pages des réseaux sociaux et les platesformes de musique aidant. Cet album, qui mêle chansons engagées, hommages sincères, constat amer d'un pays en déconfiture, comptine, réminiscences têtues, nostalgie et évocation de la célébration de Yennayer, renvoie le regard de l'artiste sur l'Algérie d'aujourd'hui, notamment sa Kabylie natale, avec le recul et depuis son exil forcé. Enchanteur de mots, le poète Zedek Mouloud signe un album de maturité qui passe des convictions intimes à la critique sociale avec sensibilité et beaucoup de résolutions pour rompre avec le joug de l'avilissement et de la régression. Dans une interview accordée à un confrère, Zedek Mouloud se définit comme un artiste à challenge, ce qui le pousse à se surpasser et à relever les défis pour être à la hauteur des aspirations et des attentes de son public. «Que c'est dur d'être un chanteur engagé», a-t-il confié dans la même interview. En plus d'un engagement qui s'exprime dans un langage recherché et une musique douce, Zedek Mouloud a aussi une présence scénique qui tranche avec son tempérament d'homme réservé, mais dévoile son humilité, son empathie et sa générosité par sa façon si particulière de chanter et de faire vivre intensément ses chansons en invitant son public au partage, mettant tout son cœur et son âme dans cet accompagnement improvisé. Un public qu'il retrouvera avec bonheur le 12 janvier 2020, correspondant à Yennayer, premier jour du calendrier agraire berbère, à la mythique salle du Zénith Paris La Villette et auquel il rendra grâce en le gratifiant des nouveaux titres de son dernier album et d'autres tubes qui l'enflamment à tous les coups. Une date symbolique bien choisie pour ce grandiose spectacle qu'il prépare minutieusement, dans le moindre détail, pour répondre aux exigences de son auditoire avide de bonnes chansons à texte du terroir kabyle et qui se reconnaît dans ses chansons et son combat identitaire. Pas moins de 20 musiciens l'accompagneront sur scène pour son premier méga-concert de retrouvailles chaleureuses et intenses, trois heures durant. Azwaw Zedek, qui soutient ce projet en digne premier-né de la descendance de Zedek Mouloud, composée de trois enfants, et s'occupe de l'organisation du spectacle en association avec BelkProd, confiera que d'autres artistes seront invités à cette soirée et que Zedek Mouloud a décidé de verser une partie de la recette de ce spectacle aux blessés du mouvement de la révolte populaire en Algérie. «Je ne peux rester insensible aux violences rétrogrades et sauvages dont sont victimes ces jeunes auxquels j'apporte tout mon soutien», dira l'artiste, dépité. Comme à tout artiste mémorialiste de nos joies et de nos peines, souhaitons à Zedek Mouloud un succès à la hauteur de son talent artistique, lui dont les œuvres ont toujours conjugué le plaisir esthétique et la recherche de sens. Lina Azouza