Malgré la pression croissante au sein de ses rangs, la chef des démocrates au Congrès américain, Nancy Pelosi, a affirmé jeudi qu'elle n'enverrait au Sénat l'acte d'accusation de Donald Trump, essentiel pour l'ouverture de son procès en destitution, que lorsqu'elle serait «prête», probablement «bientôt». Républicains et démocrates sont engagés dans un bras de fer depuis la mise en accusation, votée fin décembre par la majorité démocrate de la Chambre des représentants, du Président américain pour «abus de pouvoir» et «entrave à la bonne marche du Congrès». Les démocrates l'accusent d'avoir abusé de son pouvoir en demandant à l'Ukraine d'enquêter sur Joe Biden, un rival potentiel à la présidentielle de novembre. Un procès en destitution doit désormais être organisé au Sénat, où les républicains sont majoritaires. Mais Nancy Pelosi, présidente de la Chambre, refuse de transmettre l'acte d'accusation au Sénat tant que les républicains n'auront pas énoncé de cadre «juste» pour la tenue de ce procès, notamment en se mettant d'accord avant son ouverture sur les témoins qui seront convoqués. Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, l'accuse d'être «hypocrite» car elle retarde une procédure dont les démocrates ont proclamé qu'elle était urgente. Il affirme que les témoins pourront être choisis ultérieurement. Alors que plusieurs élus démocrates commençaient jeudi à s'impatienter publiquement, Nancy Pelosi a déclaré qu'elle finirait par transmettre l'acte d'accusation : «Je ne vais pas le retenir indéfiniment. Je l'enverrai quand je serai prête et cela sera probablement bientôt», a-t-elle lancé en conférence de presse. Les démocrates réclament notamment d'entendre au Sénat l'ancien conseiller de Donald Trump à la sécurité nationale, John Bolton. Lors de leur enquête à la Chambre, ils avaient renoncé à l'interroger face à la perspective d'une longue bataille juridique, car la Maison Blanche avait interdit à plusieurs conseillers du Président de témoigner. Mais John Bolton a fait savoir lundi qu'il accepterait désormais de témoigner s'il recevait une injonction formelle du Sénat. Donald Trump l'en empêcherait-il ? «Non. Mais je devrais demander aux avocats car (...) nous devons protéger les prérogatives présidentielles pour moi mais (aussi) les prochains Présidents», a réagi le milliardaire jeudi. «On ne peut pas permettre à des conseillers en sécurité nationale d'aller dire ce qu'ils veulent».