L'écriture féminine en Algérie demeure «conditionnée par la réalité de la femme dans la société», ont estimé des participantes à une table ronde tenue mercredi à Tizi-Ouzou sous le thème «La littérature au féminin», organisée dans le cadre de la 12e édition du Salon du livre du Djurdjura «La femme écrivain algérienne subit le poids de la société qui se reflète d'une manière ou d'une autre dans ses écrits, si bien qu'elle reste conditionnée par son univers restreint», a souligné Lynda Chouitene, lauréate du prix Assia-Djebar 2019 du roman francophone, considérant qu'«il n'y a pas une façon d'écrire propre aux femmes». Déplorant «une réalité» où la femme est «soumise à des clichés et à des obligations oppressantes qui l'empêchent d'évoluer dans la sérénité», Lynda Chouitene a estimé que «l'épanouissement de la femme écrivain algérienne passe par le dépassement de la condition de la femme dans la société dans son ensemble». De son côté, Ouarda Baziz Chirifi, auteure de Principes et rupture, édité en 2017, a observé que l'écriture est d'abord, pour la femme, «un refuge» lui permettant de «fuir les contingences et contraintes qui pèsent sur elle dans ses différents milieux, familial, social ou professionnel». Pour Baziz Chirifi, «la femme écrivain dans notre société demeure otage du poids social qui lui impose d'évoluer dans les frontières imperceptibles qui lui sont dessinées. Elle gagne sa liberté avec la maturité et arrive à se débarrasser des inhibiteurs qui l'habitent et la conditionnent». Farida Sahoui, auteure de Jugurtha, histoire d'un peuple et un livre d'hommage et témoignage sur «les Zouaoui, les Amrouche et autres familles Kabyles d'Algérie en Tunisie» a considéré, elle, qu'il est «réducteur» de parler d'écriture féminine, préférant parler «d'écriture et de littérature tout court». «Je ne me considère pas comme une femme en écrivant, mais comme un écrivain tout simplement», a-t-elle observé, tout en soutenant, par ailleurs, qu'«il n'y a pas mieux qu'une femme pour rendre compte des problématiques liées aux femmes, et qui restent indissociables de sa condition dans la société».