En l'air depuis que la Fifa, qui a programmé une Coupe du monde des clubs élargie à 16 équipes dès 2021 incitant la CF à revoir la période de tenue de la prochaine phase de finale au Cameroun qui passe de l'été à l'hiver, l'idée d'une CAN chaque 4 ans pourrait se concrétiser «très bientôt». En marge d'un séminaire tenu à Rabat portant sur les infrastructures en Afrique, Gianni Infantino a interpellé ses hôtes de la Confédération africaine de football sur le sujet. «Je propose d'organiser la Coupe d'Afrique des nations tous les quatre ans au lieu de tous les deux ans. C'est comme ça qu'elle sera plus attrayante au niveau mondial.», a-t-il déclaré d'emblée. Assurant que ce changement ouvrirait des perspectives commerciales intéressantes, le Suisse a comme battu en brèche l'idée défendue par l'ancien président de la CAF, le Camerounais Issa Hayatou qui avait insisté sur le déroulement chaque deux années de cette compétition majeure en Afrique au motif que cela aiderait à développer l'infrastructure sportive sur le continent. «La CAN génère vingt fois moins que l'Euro. Avoir une CAN tous les deux ans, c'est bien au niveau commercial ? Cela a développé les infrastructures ?», s'interrogeait- il avec un brin de dédain envers les défenseurs du «projet» d'Issa Hayatou. Il étaye son propos par ses différentes escales africaines. «Je n'ai jamais vu lors de mes voyages des stades modernes. Il ne faut pas attendre une CAN pour construire un stade, il faut le faire et on va aider l'Afrique sur ce point», a-t-il précisé. Infantino qui sait que les nouveaux dirigeants de la CAF vont suivre ses conseils lâchera ensuite le «chantier» en invitant les Africains à adhérer. «Réfléchissez à la passer tous les quatre ans !», suggéra-t-il. La proposition du président de la Fifa, qui devrait susciter une levée de boucliers de la part de quelques fédérations nationales acquises à l'ancien patron de la CAF devra, toutefois, permettre une meilleure visibilité s'agissant du calendrier des compétitions placées sous l'égide de la Confédération africaine. Un souci vécu par nombre de championnats en Afrique et dont le déroulement est perturbé par les dates proposées par l'instance africaine pour ses épreuves interclubs. Ahmad Ahmad «plus que favorable» Avec le retour à une CAN pendant l'hiver, la perspective d'un calendrier africain embouteillé et qui arrangerait les clubs des pays d'une zone au détriment d'une autre était réelle. La CAF qui avait également à solutionner ses démêlés avec les clubs européens qui emploient des footballeurs africains serait mieux inspirée à adopter ce projet qui viendrait mettre fin au calvaire des (rares) grands championnats africains. Plaire aux uns (Européens) et aux autres (grands clubs en Afrique) est l'objectif de l'actuel président de l'instance continentale. Le Malgache qui a dû «obéir» aux instructions de la Fifa, à travers le comité ad-hoc présidé par la SG/Fifa, la Sénégalaise Fatma Samoura, sait bien que la refonte du système de la CAN entraînerait des pertes considérables en argent. La multiplication des compétitions placées sous l'égide de la Fifa ou de l'UEFA est expliquée par le souci de rentabiliser le spectacle généré par le football. Pourquoi donc une CAN tous les 2 ans poserait un manque à gagner sur le plan économique ? S'il est vrai que l'Afrique se développe mal, pas spécialement sur le plan de l'infrastructure sportive, il est tout aussi vrai que la mainmise des grandes enseignes internationales sur l'image du football international est pour beaucoup responsable de cette situation. Se déplacer en Afrique, où les distances sont plus importantes et les conditions de déplacement plus pesantes, a, certes, un coût plus important. Mais l'attractivité d'une compétition sportive tient surtout au produit fourni pas aux conditions offertes à ceux qui le fournissent. Ce débat n'est pas à l'ordre du jour au niveau de la Fifa quand il s'agit d'organiser des compétitions dans des pays asiatiques dont la principale attractivité est l'argent du pétrole et la générosité des émirs. Ahmad Ahmad et ses pairs de l'Exécutif vont s'incliner devant la proposition du patron de l'instance faitière. Probablement à partir de la prochaine édition programmée en 2023 en Côte d'Ivoire. La Guinée qui doit abriter la 35e édition pourra attendre jusqu'en 2027 pour voir l'élite du football africain débarquer sur ses terres. M. B.