«Le dossier des essais nucléaires français en Algérie demeure l'un des dossiers en souffrance, alors que dans le programme du gouvernement, il est pris en considération…», a indiqué le ministre des Moudjahidine et des ayants droit, M. Tayeb Zitouni, en visite jeudi dernier à Reggane (Adrar). Il précisera que «l'Algérie a interrompu les négociations avec la partie française après avoir constaté le manque de sérénité des Français dans les pourparlers. Il leur appartient de régler ce contentieux pour rétablir les relations entre les deux pays sur l'histoire coloniale. Par ailleurs, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mme Kaoutar Krikou, présente à cette visite, a, de son côté, affirmé, que «son secteur accorde un intérêt particulier aux victimes, et ce, par un soutien financier et une couverture sociale dans tous les domaines». Soixante-ans après, les essais nucléaires de Reggane continuent de faire des victimes des conséquences de la radioactivité. Les premiers essais de bombes atomiques (fission nucléaire) ont eu lieu, rappelons-le, le 13 février 1960 à Hamoudia (Reggane), sous le nom de la «Gerboise bleue». IIs étaient 24 fois plus puissants que ceux de Hiroshima et Nagasaki. Toutefois, il n'y avait pas une volonté politique de prendre en charge les conséquences qui en ont découlé. Une situation critique pour les ascendants et descendants qui ont vécu et qui vivent dans cette région qui garde encore les traces de la radioactivité. Pour rappel, et à la demande du gouvernement algérien, une expertise de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) a été réalisée en 1999 sur les sites de Reggane et d'Inker. Puis, en février 2007, un colloque international à Alger «sur les conséquences environnementales et sanitaires des essais nucléaires» a été organisé. Quatre essais aériens et treize autres souterrains ont été opérés par la France jusqu'à février 1966, le dernier essai, dont la plus puissante explosion était celle de 117/127 KT en février 1965 ; alors que pas moins d'une quarantaine d'autres essais ont été effectués clandestinement dans les régions sahariennes. Des zones qui sont généralement fréquentées par les populations sédentaires et nomades, où, au fil du temps et de l'érosion, des atomes et des déchets nucléaires ont été découverts. Des dizaines de personnes ont contracté des pathologies radio-induites (tels le cancer et la leucémie. La France qui a toujours nié ou ignoré cette partie de l'histoire, a du mal à classer ce dossier dans les archives des bienfaits de la colonisation, de la révolution scientifique et technologique française en Algérie. Néanmoins, il est de notre devoir de rappeler à la France ce qui s'est réellement passé dans cette contrée de l'Algérie profonde pour que les victimes de Reggane soient reconnues comme victimes de guerre. Que ce qui s'est passé dans ces régions soit considéré comme un crime contre l'Humanité, à l'instar du génocide de Hiroshima et de Nagasaki. B. Henine