Le comportement hautain du wali de Mostaganem, Abdessamie Saïdoun, envers des citoyens venus lui exposer leurs problèmes en marge d'une visite sur le terrain qu'il a effectuée à la fin de la semaine dernière, a fortement choqué l'opinion publique. De même qu'il a déclenché une rapide réaction des plus hautes instances de l'Etat. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Il a fait d'ailleurs même l'objet de la toute première action de la toute nouvelle institution, la Médiature de la République. Dans un communiqué rendu public hier samedi, le ministre d'Etat, médiateur de la République, Karim Younès, ira droit au but, dans un style qui tranche visiblement avec la sacro-sainte langue de bois en pareille circonstance et à ce niveau-là de la responsabilité. « Il s'agit là d'un comportement que je condamne fermement et sans la moindre réserve », y lit-on en effet. Instance, pour rappel, qui traite directement avec le président de la République, ce qui lui confère une autorité indéniable, la médiature ajoutera, par la voix de son premier responsable : « La manière d'agir et la réponse du concerné, (le wali, ndlr ) à l'égard d'une citoyenne venue exposer ses préoccupations ne sont pas celles attendues d'un commis de l'Etat et vont à l'encontre des orientations et instructions officielles sur lesquelles avait insisté Monsieur le Président de la République à l'occasion de la réunion gouvernement-walis, en présence du médiateur de la République .» Karim Younès, qui se félicite de la rapide réaction du ministère de tutelle, à savoir celui de l'Intérieur et des Collectivités locales, ajoutera, sur cette même question : « J'invite l'ensemble des responsables, particulièrement ceux qui sont appelés, de par leur fonction, à être en contact direct avec le citoyen, à faire montre de plus hauts degrés de tenue et d'esprit de modestie dans leur comportement avec les citoyens et de prouver, à travers leur abnégation au travail, qu'ils sont dignes de la confiance placée en eux pour servir la patrie et le citoyen, dans le cadre de l'Algérie nouvelle .» Durant cette même journée de samedi, c'est également le ministre de tutelle de l'indélicat wali, à savoir le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, qui réagira avec la même vigueur. Le département de l'intérieur précisera, en effet, à travers un communiqué : « Suite à des publications critiquant la réaction de Monsieur le Wali de Mostaganem en marge de sa visite sur le terrain au niveau du territoire relevant de sa wilaya, et après que Monsieur le Ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire eut à rappeler au wali concerné que la consolidation de la confiance entre l'Etat et le citoyen requiert des responsables et des cadres locaux de s'astreindre aux règles de l'écoute, du respect mutuel, de la pondération, de la sagesse et de la patience, Monsieur le Ministre a tenu à exprimer son rejet et sa condamnation de tout comportement attentatoire à la dignité du citoyen , émanant de commis de l'Etat auxquels est confiée la mission de le servir et de veiller sur ses intérêts. » Cela, ajoutera le ministère de l'Intérieur, « conformément au programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et à ses orientations ». Le ministère rappellera, enfin, que le droit du citoyen d'exposer ses préoccupations est consacré. C'est dire que, cette fois, l'attitude d'un haut responsable de l'Etat, s'étant distingué par un comportement à la limite de la violence à l'égard de simples citoyens venus lui exposer leurs problèmes dans l'espoir de trouver ne serait-ce que réconfort auprès du premier responsable de leur wilaya , n'a pas laissé indifférent. Non seulement, bien sûr, au niveau des médias et des réseaux sociaux, mais aussi au niveau des centres de décision. Avec de telles réactions, il faut certainement s'attendre à d'imminentes décisions à l'encontre du wali en question. K. A.