De notre correspondante à Rome, Aïcha Abdeslem Face à la propagation de l'infection due au Covid-19 parmi la population italienne, les autorités de ce pays ont décidé de passer à une phase plus drastique de confinement : isoler 15 provinces du Nord (16 millions d'habitants). Personne ne pourra sortir de ce territoire ni y accéder. Les mariages et les funérailles sont désormais interdits dans toute l'Italie, tout comme les rassemblements sportifs ou culturels. Les responsables des hôpitaux italiens ne savent plus où donner de la tête. Des services de réanimation improvisés dans les couloirs, afin de pouvoir soigner les centaines de patients atteints du coronavirus, mais aussi continuer à prendre en charge les autres personnes atteintes de pathologies graves, 20 000 praticiens recrutés dans l'urgence, suspension des congés pour le corps médical, une véritable crise sanitaire s'est installée dans la péninsule. Les appels à la population invitant à rester chez soi et à limiter au strict minimum les déplacements n'ont pas encore réduit les foyers d'infection qui continuent de se multiplier. Désormais, ce n'est plus seulement le Nord (Lombardie, Vénétie surtout) qui est contaminé, mais également des régions du Centre et du Sud. En tout, ce sont toute la région de la Lombardie (Milan) et 14 provinces qui ont été mises en quarantaine obligatoire (Parme, Piacenza, Rimini, Reggio-Emilia, Modene, Pesaro, Urbino, Venezia, Padova, Treviso, Alessandria, Verbano-Cusio-Ossola, Novara, Vercelli et Asti). Les nouvelles mesures de confinement ont poussé d'ailleurs des milliers d'Italiens à retourner au Sud. Et pour éviter qu'ils ne deviennent agents de propagation du virus, les gouverneurs du Sud entendent les mettre en isolement dès leur arrivée, chose pratiquement impossible. Il faut dire que l'Italie, troisième pays le plus atteint par cette épidémie mondiale (après la Chine et la Corée du Sud), enregistre désormais un lourd bilan : 5 900 malades atteints du coronavirus, 233 décès, soit une hausse de 1 200 nouveaux infectés en deux jours seulement. Mais l'inquiétude des autorités va crescendo à cause de la saturation des centres hospitaliers ,paralysés par cette urgence qui ne semble pas s'atténuer, surtout à cause de la réticence des Italiens à renoncer à leur mode de vie : les sorties au restaurant, au cinéma, les rassemblements festifs, les sports d'hiver. Ce qui a poussé le gouvernement de Giuseppe Conte à promulguer, tard dans la nuit de samedi,un nouveau décret qui punit quiconque sort ou entre dans la région en quarantaine sans autorisation pour graves motifs. Et outre, les écoles, les salles de sport, même les cinémas, les théâtres, les centres de soins ont été fermés, les mariages et cérémonies funéraires renvoyés dans toute l'Italie jusqu'au 3 avril. Le dernier tabou à tomber, le championnat de football de première division devrait marquer un arrêt inévitable selon certains, bien que les clubs refusent avec obstination cette issue, sous la pression des sponsors. Cette infection ne semble épargner personne. Le président de la région du Latium et secrétaire du Parti démocrate Nicola Zingaretti a annoncé samedi avoir été contaminé, ce qui l'obligera à rester plusieurs jours en isolement. Même sort pour son collègue, gouverneur du Piémont Alberto Cirio. Et après la détection d'un cas de patient positif au coronavirus dans l'Etat du Vatican, le Saint-Siège a annoncé, pour sa part, que le pape François annule toutes ses apparitions publiques ,et que lors de la traditionnelle prière dominicale de l'Angélus, il ne s'adressera pas aux foules depuis son balcon donnant sur la place Saint-Pierre, mais seulement à travers une vidéo. A. A.