Le coronavirus a fait, hier samedi, sa troisième victime en Algérie au moment où les appels à la prévention contre le virus se multiplient, surtout que le pays n'a ni les moyens humains ni les moyens matériels pour faire face à la maladie si elle venait à se propager comme dans les autres pays les plus touchés. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le maître mot des médecins et des autorités, pour affronter le coronavirus, est sans conteste « la prévention ». Les médecins sont unanimes à dire que l'Algérie n'a pas les moyens pour faire face à une situation d'urgence nationale si jamais le virus atteint les proportions atteintes par l'Italie, à titre d'exemple. « Il y a une situation sanitaire majeure dans le monde, mobilisant Etats et peuples pour endiguer l'épidémie, chacun en fonction de ses moyens. Dans notre situation, vu nos insuffisances, nos carences au niveau du système de santé et à d'autres niveaux aussi, il faudrait mettre le paquet sur la prévention. Il ne faut pas jouer, minimiser ou banaliser la situation », avertit Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP). Contacté par nos soins, le Dr Merabet dit craindre « une situation d'urgence nationale pour laquelle le pays n'est pas préparé, ni n'a les moyens d'y faire face », en raison des dysfonctionnements dans le système de santé et ses difficultés à répondre aux besoins des populations depuis des années. De ce fait, notre interlocuteur insiste sur la prévention. « Il faut faire le maximum au niveau de la prévention afin d'éviter que l'épidémie ne se propage sur le territoire national », a-t-il soutenu. Mais les autorités sanitaires et les pouvoirs publics peuvent-ils assurer la disponibilité de ces produits, surtout les masques de protection ? Lyes Merabet souligne que l'Algérie ne produit pas suffisamment de masques pour faire face à la situation, sachant que pour ses besoins, le pays importe une partie et en fabrique une autre. « Ce qui confirme nos craintes est que ces masques ne sont pas disponibles dans les pharmacies depuis plusieurs jours, alors que nous ne sommes pas encore dans une situation alarmante », a-t-il relevé, dénonçant la hausse des prix de ces produits. Dans les pharmacies, une pression est constatée sur les produits de prévention, à savoir les gels désinfectants et les masques de protection. Un tour dans certaines pharmacies du centre-ville d'Alger confirme ce constat, ainsi que la hausse des prix qui étaient à 20 DA avant l'apparition des premiers cas et qui ont sauté à 60 DA l'unité, voire plus. Une pharmacie à rue la Didouche-Mourad propose aux citoyens des sachets contenant 5 bavettes à 300 DA, soit 60 DA l'unité. Un peu plus bas, à la place Audin, ce produit n'est pas disponible. La maison propose des masques à 200 DA. « Ce sont des masques FFP2 importés de France et destinés spécialement à la protection contre le corona. Son prix est fixé par l'Etat », nous explique le pharmacien. Dans une pharmacie à la Grande-Poste, on nous explique que le produit est disponible « pour le moment » mais risque de connaître une pénurie si la situation s'aggrave et en cas de propagation du virus à grande échelle. Pour ce pharmacien, la hausse du prix est justifiée par la hausse de la demande, affirmant que la production nationale ne peut en aucun cas couvrir le marché, précisant que la matière première est importée. Les pharmaciens s'attendent enfin à une forte augmentation de la demande et redoutent une pénurie de ces produits, à savoir les masques et les gels désinfectants dans les prochains jours. K. A.