Les responsables des écoles qui ont demandé aux élèves de rapporter des masques et des gels sont pour beaucoup dans cette ruée vers ces produits. Les Algériens ne sont visiblement pas insensibles à l'épidémie de coronavirus qui mobilise la planète Terre. Les Algérois, du moins. Quelques jours seulement après l'annonce du premier cas de coronavirus, c'est toujours la ruée vers les produits de protection contre le virus (masques, bavettes, gel hydro-alcoolique, etc). Résultats des courses, les produits ne se trouvaient plus, depuis jeudi 27 février, dans certaines pharmacies et certains n'ont pas hésité à crier à la pénurie. Y a-t-il vraiment pénurie de ces produits ô combien salutaires en ces moments d'épidémie ? Chaque pharmacien y va de son explication. Pour la propriétaire de la pharmacie Bencheikh Chekroune, à une petite encablure de la Grande-Poste, "il n'y a pas pénurie de produits de protection" qui, selon elle, sont "disponibles". "La semaine passée, ils n'étaient pas disponibles, mais ce n'est plus le cas maintenant. Ils en ont importé de Chine", précise-t-elle. Joignant le geste à la parole, elle étale sur le comptoir masques FFP2, bavettes, gel main antibactérien (petit et grand formats) et serviettes. Pourquoi alors ce manque enregistré dans certaines pharmacies ? Mme Bencheikh donne plusieurs explications. Pour elle, la peur panique provoquée par l'annonce du ministre de la Santé chez les citoyens et les responsables des écoles qui ont demandé aux élèves de rapporter des masques et du gel antibactérien est pour beaucoup dans cette ruée sur ces produits. Les Chinois vivant en Algérie semblent aussi pour quelque chose. "Dès que le virus est apparu en Chine, ils ont tout raflé ici", affirme Mme Bencheikh. Même affirmation d'une pharmacienne, Mlle Feddad, employée d'une pharmacie sise à la rue Didouche-Mourad, à l'entrée de la rue Ferhat-Boussad (ex-Meissonier) : pas de pénurie des produits de protection contre le coronavirus. "Il n'y a pas de rupture de stock des masques et des gels désinfectants. En revanche, les bavettes ne sont plus disponibles, mais temporairement. Et pour y remédier, ils ont ramené des masques FFP1 de Chine",assure-t-elle. Pour elle, il n'y a pas eu de ruée après l'annonce de M. Benbouzid puisque nombre d'Algériens viennent acheter ce type de produits bien avant cela quoique, nuance-t-elle, depuis la sortie du responsable gouvernemental, la demande ait augmenté de 30% environ. Pour l'un des employés de la pharmacie Bendissari, sise à la rue Réda-Houhou, il y a bel et bien pénurie de produits de protection contre l'épidémie de coronavirus."Il y a rupture de stock de ces produits. On n'en trouve pas dans le circuit normal, c'est-à-dire chez nos fournisseurs habituels. Depuis jeudi 27 février, nous ne disposons plus de ces produits", dit-il. Et d'ajouter : "Cela a commencé avec l'annonce du ministre. On a vendu tout ce que nous avions, et le même jour, nous avons appelé nos fournisseurs pour acquérir d'autres quantités. Mais eux aussi n'ont plus rien, ils ont tout vendu." Un avis que partage un des employés de la pharmacie Bouchène, à proximité du marché Clauzel, à Alger-Centre. La cause ? Il cite les Chinois qui en ont acheté de grandes quantités mais aussi les spéculateurs qui, profitant de cette aubaine, ont thésaurisé ces produits pour les revendre au moment opportun. Selon lui, les prix des masques, du gel et des bavettes sont passés, aujourd'hui, du simple au double. Un avis que ne partagent pas nombre de pharmaciens approchés pour lesquels les prix n'ont pas bougé.