De notre correspondante à Rome, Aïcha Abdeslem L'Union des communautés islamiques d'Italie (UCOII) a lancé un cri d'alarme pour demander l'aide des autorités italiennes afin de donner aux victimes musulmanes du coronavirus une sépulture digne, puisque les rapatriements des dépouilles ne sont plus possibles. Bien qu'à l'ambassade de Rome, on nous assure que, pour l'instant, les autorités italiennes ne leur ont fait part de l'existence d'aucune victime algérienne parmi les morts du coronavirus, il n'en demeure pas moins que le drame des dépouilles de musulmans inquiète toute la communauté musulmane. Car bien avant cette pandémie, la sépulture des musulmans en Italie a toujours été un parcours du combattant, puisque seuls quelques cimetières italiens sont dotés d'un petit carré dédié aux musulmans. Et comme la réglementation italienne exige que le défunt soit enterré dans la commune de sa résidence, les parents de ce dernier sont souvent obligés de faire le parcours du combattant bureaucratique pour trouver une place dans le plus proche cimetière. La solution qui permettait à cette situation d'être plus ou moins supportable est celle du traditionnel rapatriement du corps vers le pays d'origine, bien que cette voie soit très coûteuse pour les familles qui subissent la perte. Mais cette issue n'est plus possible après la fermeture du ciel de plusieurs pays et l'annulation des vols reliant l'Italie au reste du monde. Ce qui a provoqué, comme le soulignent les représentants de l'UCOII, «une urgence dans l'urgence». Car les victimes du coronavirus, mais aussi les dépouilles des musulmans décédés pour d'autres causes sont en train de s'entasser dans les morgues des hôpitaux italiens, déjà saturées par les corps des autres malades ayant succombé au Covid-19. Que faire pour les en sortir ? La solution de l'expatriation est de plus en plus impossible à concrétiser. Reste celle de l'enterrement dans les cimetières italiens. Mais très peu d'entre eux ont une aire islamique dans leur espace. D'où le cri de détresse de l'Union des communautés islamiques d'Italie qui interpelle les autorités italiennes afin de faciliter la sépulture des morts musulmans sur le sol italien. Toutefois, un autre problème se pose : celui du rite islamique réservé aux dépouilles des morts. Car il n'est pas permis d'approcher le corps d'un malade atteint du Covid-19 ni de procéder à la manipulation de ce dernier pour le traditionnel «ghasl», lavement, qui devient impossible. Un véritable casse-tête, que les familles des victimes chrétiennes ont résolu par la crémation, pratique non admise dans l'Islam. Concernant les décédés par d'autres causes, à l'ambassade d'Algérie à Rome, on nous assure que «tous les efforts seront consentis pour aider les familles des décédés pour des causes exclues du coronavirus à rapatrier la dépouille de leur défunt. En collaboration avec les services des pompes funèbres italiennes». D'ailleurs, le consulat à Rome est en train de suivre le cas d'un Algérien mort en Sicile suite à un arrêt cardiaque. Rappelons que la Sicile est soumise à une mesure de confinement drastique, puisque toutes les liaisons aériennes et maritimes avec la péninsule et le monde ont été suspendues. Nous n'avons pas pu parler, par contre, avec le consulat de Milan, région où se concentre une grande communauté d'Algériens. Le standard diffuse un message enregistré qui répète : «Il n'est pas possible de recevoir votre appel pour l'instant.» Il faut dire que les représentations diplomatiques ont réduit leur personnel au strict minimum, en cette période, à cause notamment des difficultés à se déplacer et par crainte de la contagion au Covid-19. A. A.