Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Pr Benbouzid, a déclaré, hier dimanche, que «l'Algérie est entrée dans le troisième stade de la propagation de l'épidémie du coronavirus, après que ces cas ont été enregistrés dans pas moins de 17 wilayas», ce qui veut dire que le virus circule sur tout le territoire et non plus de façon isolée. «Nous sommes face à une épidémie débutante et rapide sur le territoire national. Nous sommes, donc, désormais au stade 3», a-t-il lancé sur les ondes de la Radio nationale. Le stade 3 signifie qu'il y a une circulation active du virus sur l'ensemble du territoire, c'est-à-dire une épidémie généralisée. Selon les professionnels de la santé, au stade 3, le virus circule sur l'ensemble du territoire en raison de l'augmentation rapide du nombre de cas qui signe le début de la vague épidémique. «Le stade 3 marque également l'arrêt de la surveillance individuelle des cas par l'Institut de veille sanitaire», indique-t-on puisqu'un comité scientifique de suivi de l'évolution du Covid-19 a été instauré en application des instructions de Abdelmadjid Tebboune, en comptant dans sa composante trois ministres (ministre de la Santé, ministre de la Communication, ministre délégué auprès du ministre de la Santé, chargé de l'Industrie pharmaceutique), les présidents des Conseils de l'Ordre des médecins et pharmaciens, ainsi que des professeurs connus d'Alger, d'Oran, de Constantine et de Tamanrasset, qui se réunissent au quotidien au niveau du ministère de la Santé pour se concerter, examiner la situation et élaborer un bilan, en sus du suivi du respect des mesures prises. En d'autres termes : le stade 3 d'une épidémie peut durer 8 à 12 semaines. A ce stade, les mesures barrières appliquées sont quasi similaires à celles du stade 2, voire allégées pour certains points comme le virus circule, désormais, activement sur le territoire. A ce stade, l'on évoque avec insistance l'instauration de l'état d'urgence sanitaire. Un dispositif inédit qui constitue une base légale aux mesures de confinement qui seront mises en place pour lutter contre le Covid-19. Etat d'urgence sanitaire : concrètement En général, la loi sur l'état d'urgence sanitaire se compose d'une série de mesures exceptionnelles ayant pour but de renforcer la sécurité sanitaire et lutter contre la propagation de l'épidémie. La loi n°18-11 du 2 juillet 2018 relative à la santé en Algérie n'est pas très claire à ce sujet. Elle prévoit dans le chapitre 2 sur la prévention en santé, section 2 relative à la prévention et lutte contre les maladies à propagation internationale, article 42 : « La prévention et la lutte contre les maladies à propagation internationale sont soumises aux dispositions du règlement sanitaire international de l'Organisation mondiale de la santé .» L'article 43 stipule : « L'Etat instaure les mesures sanitaires sectorielles et intersectorielles visant à prévenir et à protéger la population des maladies à propagation internationale. Le service de contrôle sanitaire aux frontières est un service médical qui exerce son action au moyen de postes sanitaires implantés au sein des points d'entrée frontaliers. Les missions, l'organisation et le fonctionnement du service sanitaire aux frontières sont fixés par voie réglementaire .» Les mesures qui seront prises dans le cadre d'un état d'urgence sanitaire qui serait engagé par le gouvernement actuel commenceront par un couvre-feu sanitaire, où le citoyen reste chez lui et ne peut pas sortir. Il n'y aura que les pharmacies et les hôpitaux qui travaillent avec un renforcement du service des urgences, ainsi que l'ouverture des magasins d'alimentation générale. Il peut prévoir la limitation des libertés individuelles, fixées par le Premier ministre, instaurer des mesures pour soutenir les entreprises et donner également la possibilité d'ordonner des réquisitions de tous biens et services nécessaires afin de lutter contre la catastrophe sanitaire. La durée devrait être fixée par le chef de l'Etat ou le Premier ministre. En somme, l'état d'urgence sanitaire est un dispositif juridique dont les mesures devront être soumises au contrôle du Parlement et qui constituera une base légale pour autoriser le gouvernement à prendre, par ordonnance, une série de mesures pour endiguer l'épidémie du Covid-19. A ne pas confondre avec l'urgence de santé mondiale, décrétée par l'Organisation mondiale de la santé le 30 janvier 2020, qui est une action internationale coordonnée par un comité d'urgence, et qui aide les 193 Etats membres reconnus par l'ONU à se préparer et à agir face à des situations pouvant impacter la santé publique (ici, la pandémie de coronavirus). Ilhem Tir