"L'Algérie est entrée en phase 3 de la propagation de l'épidémie de Covid-19. Par conséquent, nous devons nous préparer au pire", a averti, hier, le ministre de la Santé, précisant que "la décision du confinement général relève des prérogatives du président de la République." La propagation du virus Covid-19 s'accélère en Algérie, en passant hier la barre des 200 cas de contagion à travers le territoire national. En effet, le dernier bilan communiqué hier par le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de coronavirus fait état de deux nouveaux décès et de 62 cas supplémentaires avérés positifs. Selon le porte-parole du Comité de suivi, Fourar Djamel, le bilan du nouveau coronavirus s'élève à 17 morts et 201 personnes atteintes de l'infection depuis l'apparition du premier patient contaminé, soit le 24 février dernier. Ces chiffres supplémentaires ont pratiquement doublé en 24 heures par rapport au bilan rendu public avant-hier. Plus de la moitié des malades recensés à travers le territoire national a été déclarée dans la wilaya de Blida avec 110 cas. Et pas moins de 8 morts sur les 17 annoncés par le Comité de suivi sont originaires de la ville des Roses. Les deux décès supplémentaires déclarés, hier, ont été enregistrés dans les wilayas de Béjaïa et de Khenchela. Ces deux victimes, âgées de 82 ans et de 85 ans, étaient rentrées de France, il y a quelques jours. Le porte-parole de l'instance de suivi de l'évolution du coronavirus a rappelé que tous les malades qui ont succombé au virus souffraient de maladies chroniques, notamment de diabète et d'hypertension artérielle. La moyenne d'âge des décès est de 67 ans. Il a rappelé aussi que pas moins de 340 personnes soupçonnées d'être porteuses du Covid-19 se trouvent dans des hôpitaux, en attendant le verdict de l'Institut Pasteur. Et d'ajouter que 23 malades sont rétablis et ont quitté l'hôpital. À la faveur de cette nouvelle situation épidémiologique, l'Algérie a désormais atteint un stade grave de l'épidémie. Le ministre de la Santé l'a souligné hier sur les ondes de la Radio nationale. "L'Algérie est entrée en phase 3 de la propagation de l'épidémie de Covid-19. Par conséquent, nous devons nous préparer au pire", a indiqué le Pr Abderrahmane Benbouzid, avant de préciser que "la décision du confinement général relève des prérogatives exclusives du président de la République". En revanche, les infectiologues en première ligne pour lutter contre l'épidémie, avertissent que le virus a désormais un foyer "indigène" en Algérie. Pour eux, le stade 3 de la pandémie montre bien que nous avons largement dépassé la phase des cas de contagion importés. Une vingtaine de wilayas sont depuis hier touchées par l'épidémie. Le virus mortel est en train de circuler rapidement à travers le territoire national et non plus de façon isolée. Pour preuve, la wilaya de Blida occupe, à elle seule, la première place du podium des contaminations, en enregistrant plus de la moitié du bilan global des contagions et des décès. Sans que cela soit officiellement déclaré par les autorités sanitaires, Blida reste désormais l'épicentre de l'épidémie en Algérie. Le Pr Abdelouahab Bengounia, spécialiste en médecine préventive au CHU Mustapha-Pacha, contacté par nos soins, affirme que "les nouveaux chiffres communiqués hier confirment bien qu'il existe dans le pays une propagation locale importante du virus. À ce stade de la pandémie, le nombre de contaminés va certainement exploser. Il faut s'attendre à une augmentation exponentielle dans les prochains jours. Et le débordement des hôpitaux par des cas graves et compliqués n'est pas exclu". Interrogé sur la stratégie à adopter dans de telles circonstances, le Pr Bengounia soutiendra que "la meilleure riposte contre le Covid-19 est de se confiner à la maison, sauf pour certains métiers et corps devant assurer la continuité du travail. C'est la meilleure stratégie à adopter pour empêcher la propagation du virus. Il faut couper la chaîne de transmission". Avant de conclure, notre interlocuteur expliquera que ce dispositif de maintien à domicile vise en réalité à ne pas saturer les capacités des hôpitaux et permettre, ainsi, de réserver les ressources des CHU aux cas compliqués et plus graves. En fait, le niveau 3 de propagation de la pandémie exige la mobilisation complète du système sanitaire national.