Tout comme certaines interventions chirurgicales, les chimiothérapies et les traitements non urgents ont été reportés afin d'éviter aux patients atteints d'un cancer tout risque de contamination au coronavirus (Covid-19). Pour les malades métastatiques, les oncologues privilégient les traitements per os (médicaments par voie orale). Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Les traitements des patients atteints d'un cancer ont été bousculés par la pandémie de coronavirus (Covid-19). La majorité de ces soins ont été modifiés, voire carrément reportés. En effet, les traitements non urgents et les traitements adjuvants (les traitements administrés en plus de la chirurgie et de la radiothérapie) ont été décalés de 15 jours. Pour les malades métastatiques, les oncologues ont privilégié les traitements per os à prendre chez eux. Adoptées depuis dimanche 22 mars, ces mesures visent à assurer la sécurité des patients en oncologie dans le contexte de l'épidémie actuelle. «Par prudence et en réponse aux recommandations du ministère de la Santé et de l'OMS (Organisation mondiale de la santé), ainsi qu'aux recommandations internationales notamment américaines, européennes et japonaises, concernant les malades atteints de cancer dans le contexte de la propagation du coronavirus, nous avons décalé de 15 jours les traitements de ces patients, le temps de voir comment évolue cette épidémie qui est encore en phase ascendante», précise le Pr Kamel Bouzid, chef de service d'oncologie médicale au Centre Pierre-Marie-Curie à Alger, et président de la Société algérienne d'oncologie médicale. Selon lui, les mesures prises par les oncologues algériens ne vont, en aucun cas, handicaper les malades pour la poursuite de leur traitement. «Elles ne vont pas léser les patients atteints de cancer. Au contraire, ces mesures vont les protéger contre le risque d'infection au coronavirus», assure-t-il. Ces patients, poursuit-il, restent en contact avec leurs médecins traitants par téléphone, SMS et mails pour «leur éviter au maximum les déplacements aux hôpitaux et qu'ils ne soient contaminés». Soulignant la vulnérabilité des patients immunodéprimés face au Covid-19, le chef de service d'oncologie médicale au Centre Pierre-Marie-Curie explique que les traitements contre le cancer, notamment la chimiothérapie et certaines thérapies ciblées, fragilisent les défenses immunitaires des malades. «Ces thérapies diminuent le taux de globules blancs et le taux d'immunoglobuline chez les patients qui deviennent beaucoup plus sensibles au coronavirus», dit-il. Un cas atteint de cancer contaminé au Covid-19 à Alger Le Pr Bouzid affirme qu'au moins une personne atteinte d'un cancer a été contaminée par le coronavirus à Alger. Il s'agit d'un homme de 66 ans qui était sous traitement. «Il avait subi une cure de chimiothérapie au Centre Pierre-Marie-Curie, il y a trois semaines. Quinze jours après, il a été admis en urgence en réanimation au CHU Mustapha-Pacha, pour un syndrome de détresse respiratoire suite auquel il est décédé», précise-t-il. L'oncologue rappelle que le personnel de santé (médecins, infirmiers et agents de sécurité) de son établissement a été instruit de prendre les dispositions nécessaires pour éviter d'être contaminés et de contaminer les patients, notamment les mesures barrières : port de bavettes, hygiène des mains et respect de la distanciation sociale. Les visites des malades ont été également revues à la baisse au Centre Pierre-Marie-Curie. «Nous avons autorisé une seule visite par patient par jour», ajoute-t-il. Ry. N.