La plupart des Algériens ne réalisent pas vraiment l'importance du confinement sanitaire. Inconscients de la dangerosité du coronavirus Covid-19, ils continuent à vaquer à leurs occupations quotidiennes, comme si de rien n'était. Les experts, eux, ne cessent d'insister sur le respect du confinement afin de mettre un terme à la propagation de ce virus. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le confinement total de la wilaya de Blida entame sa deuxième semaine. Idem pour le confinement partiel de 19h à 7h, instauré dans la capitale. Pourtant, plusieurs quartiers algérois ne vivent toujours pas à l'heure du confinement. Même si la majorité des devantures sont fermées, les mesures barrières préconisées par le gouvernement sont ignorées par nombre d'entre eux. La foule compacte dans les marchés, les nombreux allers-retours dans les supérettes et les grappes de personnes devant les guichets de certains bureaux de poste en sont la preuve. Ici, la distanciation entre les personnes a été complètement bafouée. Dans les quartiers, des groupes de jeunes n'hésitent pas à se réunir. Certains portent un masque et d'autres non, ils prennent tout leur temps pour papoter. Les visites familiales ont, elles aussi, connu un élan. Ces retrouvailles sont pourtant déconseillées afin d'éviter la propagation du Covid-19 et la contamination des personnes âgées qui sont sujettes à des complications. Si la méconnaissance de la notion du confinement sanitaire et de son intérêt est souvent à l'origine de ces comportements, la résistance à cette mesure de prévention y est aussi pour beaucoup. Les scientifiques ne cessent d'insister sur le respect strict du confinement sanitaire afin de barrer la route à une forte transmission aérienne du coronavirus. Pour le Pr Djameleddine Nibouche, chef de service cardiologie à l'hôpital Nafissa-Hamoud (ex-Parnet) à Alger, le confinement de la population s'impose de lui-même pour limiter tout contact avec le Covid-19. «Le confinement partiel permet d'éviter la propagation du virus sans qu'il y ait un confinement total. Le citoyen doit être conscient et éviter les regroupements et les rassemblements», dit-il. Rappelant que le Covid-19 est très contagieux, il précise que ce virus a la particularité de pouvoir infecter les personnes de façon directe mais aussi de façon indirecte. «Le coronavirus Covid-19 a des caractères très particuliers lui permettant de se fixer sur les matières et les surfaces. C'est cette contagiosité très élevée qui impose un confinement à une certaine étape de l'épidémie», explique-t-il. Le Pr Nibouche affiche, par contre, son inquiétude vis-à-vis des nombreuses «réticences». «Je ne comprends pas cette attitude surtout chez des jeunes qui refusent le confinement. Comment peut-on leur inculquer la dangerosité de ce virus ?», s'interroge-t-il. Une résistance qu'il incombe au refus de l'autorité des pouvoirs publics. «Il faut combattre cet état d'esprit car il ne faut pas attendre qu'il y ait des milliers de morts pour appliquer le confinement», dit-il. Il note également qu'être confiné n'est pas recevoir de la famille chez soi. «Il ne faut pas être en contact avec l'extérieur», ajoute-t-il. Du même avis, le président du Conseil national de l'ordre des médecins algériens et membre du Comité scientifique en charge de la lutte contre le coronavirus au ministère de la Santé, Dr Mohamed Bekkat Berkani, s'indigne devant la réaction de la population face au confinement. Il estime que les gens ne réalisent pas la gravité de la situation. Ry. N.