L'Algérie a franchi la barre des 1 000 personnes contaminées par le coronavirus et la barre de 100 morts. Depuis quelques jours, le pays enregistre plus de 120 nouveaux cas quotidiennement. Une situation devenue très inquiétante qui doit inciter les citoyens à respecter scrupuleusement les gestes barrières pour éviter une propagation incontrôlable de la maladie. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les recommandations des experts, des médecins et des organisations de la société civile pour freiner la diffusion du coronavirus sont très claires : le confinement et le respect de quelques règles de prévention, comme la distanciation sociale, pour les gens que les circonstances obligent de sortir de chez eux. Mais sur le terrain, les mesures préventives sont loin d'être observées par une partie des Algériens, notamment dans la capitale. Si les rues et boulevards des villes offrent des images de cités presque désertes en raison du confinement volontaire des citoyens qui ne veulent pas s'exposer au risque de contamination, ce n'est pas le cas de certains espaces publics, comme les marchés de fruits et légumes qui continuent à grouiller de monde en ces temps redoutables du Covid-19. Ces lieux sont devenus des facteurs pouvant faciliter la transmission du virus. Un autre phénomène, apparu ces dernières semaines, pourrait lui aussi causer des dégâts : il s'agit de la vente de la semoule, un produit de première nécessité, dans des lieux publics au niveau de plusieurs wilayas, donnant lieu à des scènes désolantes où l'inconscience/insouciance des citoyens s'ajoutent à l'organisation scandaleuse des opérations de vente. Des citoyens se bousculent, sans aucun respect des mesures de sécurité , notamment la distanciation sociale, les uns collés aux autres, pour s'arracher, en présence des services de sécurité, ce produit devenu précieux pour les familles algériennes. Ces opérations sont organisées dans une anarchie totale, prélude à des situations encore plus graves si jamais l'ampleur de la maladie est hors de contrôle ou que les produits alimentaires viennent à manquer. Pour le moment, en dehors de la semoule et du lait au prix réglementé à 25 DA, tous les autres produits sont disponibles. Pour éviter de telles scènes et le danger qu'elles induisent, les gens s'organisent dans certaines régions pour livrer la semoule à domicile. L'interdiction des regroupements de personnes et toute la sensibilisation autour de la question n'ont pas suffi à convaincre certains à rester chez eux. Dans la nuit d'avant-hier à Oran, quelque chose d'insolite s'est produit : quelques dizaines de personnes, visiblement islamistes comme on le voit sur les vidéos ayant circulé sur les réseaux sociaux, ont organisé une marche durant laquelle ils ont imploré Dieu de stopper la pandémie ! En attendant le respect scrupuleux des mesures de protection, les marchés continuent à attirer les foules certes moins nombreuses qu'avant surtout à Alger. Les citoyens qui s'y rendent font preuve d'une grande insouciance, exposant leur vie et celle des autres au danger. Cet état de fait a poussé certaines communes à fermer les marchés des fruits et légumes implantés sur leur territoire. C'est le cas du marché de Réghaïa, très fréquenté, qui est fermé depuis avant-hier. « Compte tenu de la forte affluence des citoyens sur les marchés quotidiens dans les communes de cette circonscription administrative et du non-respect de la distanciation sociale et dans le souci de préserver la santé des citoyens contre l'expansion du coronavirus, il a été décidé de fermer le marché quotidien de légumes et de fruits de la ville de Réghaïa, et de le délocaliser provisoirement vers la gare routière Bouraâda-Aïssa, en fixant les horaires d'ouverture de 7h jusqu'à 13h », a indiqué un communiqué des services de la daïra de Rouiba. Pour limiter les déplacements des citoyens aux marchés, les vendeurs ambulants, autrefois traqués par la police, sont appelés à vendre, à titre exceptionnel, dans les quartiers et agglomérations urbaines. Au rythme de l'évolution de la situation et de la progression du virus, le confinement volontaire est plus que jamais obligatoire. En ces circonstances difficiles, des avocats dans plusieurs pays affirment que les libertés individuelles doivent épouser la sécurité sanitaire des populations, qui fait que le confinement reste le meilleur allié des personnes. K. A.