La crise sanitaire planétaire du coronavirus a mis à mal les finances de tous les secteurs d'activités dont le monde des sports. En football, où d'énormes enjeux financiers ont lieu, les dommages sont encore plus graves sur les clubs. Dans les grands championnats, les petits aussi, mais également dans le football amateur. En Algérie, où le sport-roi est financé par l'argent du contribuable, la question n'en est pour autant pas évacuée. Plusieurs clubs dits professionnels étudient l'éventualité de toucher aux salaires de leurs employés, des footballeurs dans leur majorité. Si le CR Belouizdad a donné le ton en annonçant une ponction substantielle des salaires (25%) du mois de mars pour en faire un don au fonds d'aide pour la lutte contre le Covid-19 puis a ouvert le débat avec l'ensemble de ses employés en vue de baisser leurs salaires, d'autres pensionnaires de la Ligue 1 songent sérieusement à employer la «méthode forte». Le club parrainé par la Sonatrach, le MC Alger, semble le plus proche de passer à l'acte. Des informations non démenties ont même fait état d'un deal entre la nouvelle direction et le groupe professionnel pour parvenir à un accord rapide sur la question. Cependant, d'autres échos assurent que ce ne sont pas tous les joueurs qui sont consentants. Le capitaine Abderrahmane Hachoud ayant même affirmé dans un entretien à un journal sportif qu'il quittera le Mouloudia d'Alger à la fin de cette saison et ce, après 8 années d'idylle. Un départ qui ne serait, à en croire des sources proches du joueur, pas étranger à la proposition qui lui a été faite, en premier, par le président de la SSPA Nacer Eddine Almas. Ce dernier agit ainsi pour répondre à la mesure prise par la société pétrolière de réduire son budget pour l'année en cours de l'ordre de 50%. Et dont le sport sera la principale «victime». D'autres clubs moins nantis financièrement sont dans la réflexion. Si l'option d'un chômage partiel, en vigueur en Europe notamment, fait son chemin, rien ne dit que cette perspective soit étalée dans le temps. Car, la «tentation» des dirigeants des clubs et des pouvoirs publics qui pompent dans les caisses du sport, ne serait pas «conjoncturelle». Tous partagent l'impression véhiculée par l'opinion publique que les footballeurs sont plus que choyés pour un spectacle qui n'en a que le nom. La loi et l'esprit de la loi… Et c'est toute la différence dans l'esprit du législateur sportif, en l'occurrence la Fifa. Celle-ci, qui suit l'actualité du football international en dépit de son inactivité, a réagi dimanche aux informations évoquant la possibilité d'une réduction par les clubs, tous les clubs du monde, des salaires des footballeurs et autres démembrements du football. Surtout pas de manière permanente qui tendrait à «casser» les contrats de travail initiaux. Estimant que la situation exige un effort de tout le monde et mettant en exergue les quelques deals auxquels sont parvenus des clubs en Italie, Espagne, France et même en Angleterre (où les syndicats des footballeurs ont rejeté une demande de la FA de soustraire 30% des salaires aux joueurs) avec leurs employés de luxe, l'instance de Gianni Infantino invite les clubs, les ligues et les joueurs à conclure des «conventions collectives appropriées» afin de «garantir une certaine forme de paiement du salaire aux joueurs et aux entraîneurs, éviter les litiges, protéger la stabilité contractuelle et veiller à ce que les clubs ne fassent pas faillite, tout en tenant compte de l'impact financier de Covid-19 sur les clubs», lit-on dans le document confidentiel dont l'agence canado-britannique Reuters dit avoir obtenu une copie. Net et précis. S'il est question d'un deal, il ne peut être que conjoncturel. La Fifa sanctionnerait particulièrement tout contrevenant aux contrats de travail liant les structures du football précitées (ligues et clubs) avec leurs employés sous les formes précisées (joueurs et entraîneurs). Surtout si la situation exigerait une rupture des contrats comme c'est le cas de certains joueurs du FC Sion (Suisse) licenciés à cause de l'impact de la crise sanitaire sur le football. En cas de désaccord, la FIFA met en garde contre le fait que les ruptures unilatérales de contrat «ne seront reconnues que lorsqu'elles seront jugées raisonnables», en fonction de la situation économique des différents clubs, pense savoir Reuters. En somme, si le MC Alger ou tout autre club algérien s'amuserait à «triturer» les contrats dûment signés, le talion de la Fifa et de sa commission de litiges frappera leurs fondements. A moins de produire les raisons valables de cette rupture. M. B.