Le ministère de la Santé a instruit les établissements de santé de réactiver le plan Orsec dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Toutes les structures de santé sont mobilisées y compris les cliniques privées qui doivent se préparer pour venir en renfort, afin d'absorber une éventuelle montée en puissance des cas contaminés. Le CHU Mustapha-Pacha, qui est devenu autonome en matière de dépistage avec l'acquisition d'un appareil PCR, a déjà mis en place toute une stratégie pour faire face à cette épidémie. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le comité de veille des activités médicales et paramédical du CHU Mustapha est très actif. Il a mis en place sa propre feuille de route pour faire face au coronavirus. Le CHU, qui reçoit beaucoup de patients atteints ou suspects de contamination au Covid-19, a mobilisé presque l'ensemble des ses services, à part celui de gynécologie, pour prendre en charge les cas de contamination. En plus du service de réanimation et celui des urgences, le CHU a mobilisé, depuis hier lundi, les douze unités du service de chirurgie qui comptent quatre lits chacune. Les services de pneumologie, de chirurgie thoracique et médecine interne sont tout autant réquisitionnés. Actuellement, chaque service prend une dizaine de malades. Quelles sont les différentes étapes du circuit de prise en charge ? «Le médecin fait au malade un interrogatoire, l'examine, puis lui fait passer un scanner aux urgences qui nous montre si le sujet est positif au Covid-19», a expliqué le professeur Rachid Belhadj, président du comité de veille des activités médicales et paramédicales. Pourquoi un scanner ? Le professeur Belhadj explique que le scanner donne des images à 95% correctes du Covid-19. «Ce qui nous fait gagner beaucoup de temps en évitant d'attendre plusieurs jours les résultats du prélèvement de l'Institut Pasteur», a-t-il souligné. Le CHU, a expliqué le chef de service de médecine légale, a créé un algorithme de prise en charge réelle. Le CHU, dit-il, reçoit actuellement une moyenne de 103 malades par jour. Douze à treize sujets, souligne-t-il, sont positifs. «Nous orientons les sujets présentant des formes sévères au service de réanimation, et les sujets sévères à formes modérées aux autres services», a encore expliqué le professeur. Le président du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaire a déclaré également que le CHU Mustapha a reçu vendredi dernier un appareil PCR. «Nous avons réussi à prélever tous les malades » a-t-il indiqué. Cependant, souligne-t-il, le problème qui se pose c'est le manque de kits de prélèvement. «Nous avons un PCR oui, mais les prélèvements sont limités par l'insuffisance des kits car nous sommes dépendants de l'importation», a ajouté ce chef de service qui a indiqué que tous les patients hospitalisés à Mustapha sont sous traitements médicamenteux. La chloroquine n'est-elle pas réservée aux seuls sujets sévères ? «Non, nous l'administrons à l'ensemble des patients qui présentent une preuve sérologie de l'infection», a répondu cet expert de médecine légale qui a rappelé que 80% des cas sont asymptomatiques, 15% sont de formes symptomatiques, et 5% sont de formes sévères. Le CHU, qui assure des ambulances pour le transport des décès, a en outre réservé une morgue spéciale pour les décès liés au coronavirus. «Nous demandons plus de sagesse au personnel médical, mais plus de moyens pour le personnel qui a pris un engagement moral pour lutter contre cette épidémie», a indiqué notre interlocuteur. S. A.