Veiller aux préparatifs du mois de Ramadhan est presque sacré. Seulement, le mois de jeûne sera , cette année, abordé avec beaucoup moins de nouveautés. Confinées depuis plusieurs semaines pour parer à l'épidémie de coronavirus Covid-19, nombre de ménagères ont tiré un trait sur le renouvellement des ustensiles et le rafraîchissement de leur cuisine. Seul l'approvisionnement en produits alimentaires est maintenu. Le mois de Ramadhan approche à grands pas mais sa magie n'opère pas. Dans la rue, l'ambiance de son arrivée ne se fait pas du tout ressentir. Point de rush sur les étals de vaisselle, de linge de cuisine et de décoration de table. Confinement oblige, tous les magasins spécialisés sont fermés. Cette année, les préparatifs pour le mois de jeûne sont presque au point mort. Nombre de ménages feront ainsi l'impasse sur les nouveaux fait-tout en terre cuite, les services de table renouvelés et les nappes et torchons tout neufs. La frénésie des achats s'est plutôt concentrée sur l'approvisionnement en frik, épices, fruits secs et autres produits alimentaires spécial Ramadhan. Habituée à donner un coup de neuf dans son meuble rangement vaisselle à l'approche du mois de jeûne, Samia, mère de deux enfants, s'est contentée, cette fois-ci, de faire le plein de produits alimentaires. Son frigo est déjà bien rempli de viande rouge et de volaille, et son garde-manger bien garni de frik, de fruits séchés (raisins secs et abricots secs et pruneaux), de fruits secs (amandes, cacahuètes et noix) , de différentes épices et plein de produits de conserve (thon, câpres, maïs, champignons et autre). «J'ai pris de grandes quantités de viande et de poulet et plein d'autres produits alimentaires nécessaires pour le f'tour du mois de Ramadhan, pour éviter les allers-retours dans les supérettes et épiceries, et limiter ainsi les contacts avec les gens. Il ne reste que les fruits et légumes frais que j'achèterai une fois par semaine», explique-t-elle. Cadre dans une institution publique, Houda, elle, comptait «accueillir» le mois de jeûne avec une nouvelle table à manger. «Je voulais acheter une table de cuisine à six chaises , plus grande et plus moderne. J'ai trouvé un beau modèle sur Facebook qui était, en plus, en promotion avec livraison à domicile. Il ne restait qu'à passer la commande», raconte-t-elle. Seulement, en cette période de confinement, son projet est carrément tombé à l'eau. «Même si la livraison est garantie, le cœur n'y est pas. J'ai perdu le goût des préparatifs. Je me dis qu'il y a des gens qui meurent de ce virus et d'autres confinés, qui ne trouvent pas quoi manger», explique-t-elle. Pourtant, poursuit-elle, «lorsque je suis partie faire quelques courses, j'ai vu dans la supérette des gens acheter de la vaisselle et autres ustensiles de cuisine. Personnellement, il me manquait une poêle et je l'ai prise, c'est tout». Aujourd'hui, la jeune femme s'est limitée à l'approvisionnement en produits alimentaires. «J'ai juste acheté du frik pour la chorba, des épices ainsi que des pruneaux, des raisins et des abricots secs ainsi que des amandes pour préparer tadjine lham l'hlou», dit-elle. Cuisine cherche un coup de fraîcheur A l'approche du Ramadhan, de nombreux ménages lancent des travaux de peinture. Devenue un laboratoire culinaire au mois de jeûne, la cuisine est souvent la pièce la plus ciblée. Rien de plus simple qu'un petit coup de peinture pour lui donner du peps. Toute petite transformation, mais incontournable pour beaucoup de femmes. «Je voulais certes repeindre la cuisine à l'approche du Ramadhan, mais aujourd'hui, avec le confinement, ce n'est plus possible», précise Houda. Contrairement à elle, son collègue n'a pas fait marche arrière devant cette tradition. Il a même défié tous les dangers du Covid-19. «Mon collègue a fait appel à un peintre qui lui a refait la peinture de sa cuisine», dit-elle. Femme au foyer, Amel, la quarantaine, fait partie de la team «peinture neuve pour le Ramadhan». Pour elle et sa famille, repeindre toute la maison à l'approche du mois de jeûne est un rituel que rien au monde ne peut empêcher. Chez elle, l'opération de «rafraîchissement» a débuté il y a quelques jours. «Il est inconcevable qu'on accueille le Ramadhan sans refaire la peinture de la maison. D'habitude, on ramène un peintre mais cette fois-ci, à cause du confinement, c'est mon mari qui s'en est occupé. D'ailleurs, nous avons déjà terminé les chambres et il ne reste que la cuisine, la salle de bains et le couloir», affirme-t-elle toute fière. Ry. N.