Un groupe de chercheurs allemands et danois va tester l'extrait d'armoise annuelle (Artemisia annua) ainsi que certains de ses dérivés comme l'artémisinine contre le Covid-19. L'armoise annuelle (chih), utilisée depuis des millénaires en Chine, est connue pour un de ses principes actifs, l'artémisinine. Cette molécule est à l'origine des médicaments antipaludiques actuels. Il s'agit de combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine (CTA) qui ont remplacé la chloroquine suite au développement de résistances. Cependant, les vertus de l'Artemisia annua ne se limitent pas au paludisme. Cette plante a été largement utilisée en Chine lors de l'épidémie historique de coronavirus de 2003, et contre l'épidémie actuelle de Covid-19. Ainsi, 85% des cas de Covid-19 ont été traités avec des mélanges de plantes en complément de la médecine occidentale. Parmi ces plantes, l'Artemisia annua est conseillée dans les cas de symptômes pulmonaires modérés. Des études in vitro ont montré que cette plante agit sur de nombreux virus, comme les virus de la famille de l'herpès, du VIH et le coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère. Le coronavirus à l'origine de l'épidémie de 2003, le Sars-CoV-1, est très similaire génétiquement au coronavirus actuel, dénommé Sars-CoV-2. Or une étude qui a testé l'effet antiviral de plus de 200 plantes contre le Sars-CoV-1 a montré que l'Artemisia annua était la deuxième la plus puissante, après le Lycoris radiata. «Vu les similarités entres les deux virus, les extraits de la plante et ses dérivés doivent être testés contre ce nouveau coronavirus», a estimé le directeur de l'Institut Max-Planck. Si l'artémisinine possède une action antivirale, ce n'est pas le seul principe actif de la plante à agir contre les virus. Cette action est due à une synergie de nombreuses molécules, notamment de puissants stérols. Deux études récentes ont passé au crible un panel de molécules végétales via une simulation numérique pour identifier celles qui seraient susceptibles d'agir au niveau de deux protéines-clés du Sars-Covid : la protéase principale et le récepteur des cellules des poumons. Parmi les molécules retenues, quatre sont présentes dans l'Artemisia annua, dont la quercétine et la lutéoline. Par ailleurs, de nombreux composés ont une activité immunomodulatrice reconnue.