Les entités syndicales du Satef et du Snapest réagissent aux déclarations de Abdelmadjid Tebboune portant sur le sort de l'année scolaire, et émettent des réserves quant à une prise de décision tranchée dans ce sens. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Les représentants syndicaux sont ainsi restés sur leur faim suite aux annonces faites par le chef de l'Etat vendredi dernier. Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), évoque un «manque de courage politique face à la situation». «Il est évident que l'année scolaire est terminée, mais le chef de l'Etat reste encore évasif à ce sujet», a-t-il confié hier, au Soir d'Algérie. Il souligne encore que «les parents d'élèves attendaient énormément de ce discours, mais à la fin, ils n'ont malheureusement pas eu de réponse tranchée et claire». Il relève que les déclarations du chef de l'Etat concernant le volet de l'éducation ont été caractérisées par beaucoup de «non-dits». Boualem Amoura tient à préciser que même en supposant qu'il y ait bien une reprise après le 14 mai, «avons-nous les moyens nécessaires permettant de s'y risquer ?» s'interrogera-t-il. Le président du Satef insiste sur le fait que de nombreux facteurs sont à prendre en compte avant de prendre une telle décision, outre les mesures d'hygiène les plus élémentaires. Dans ce registre, il met en évidence le problème de la surcharge des classes, une situation qui ,selon lui, «constitue un vecteur de la propagation de l'épidémie à une plus grande échelle». Boualem Amoura relève également «le manque de locaux qui pourraient accueillir les élèves ou encore l'inexistence de transport scolaire». Le syndicaliste en déduira que jusqu'à preuve du contraire, «il est impossible d'envisager un retour des élèves à l'école». Le porte-parole du Satef a, par ailleurs, fait savoir que les parents d'élèves sont aujourd'hui dans l'incertitude et «leur angoisse se fait croissante de jour en jour». Boualem Amoura affirme qu'à ce stade, «le gouvernement doit avoir le courage de dire que l'année scolaire est terminée», afin de dissiper le brouillard. A propos de l'annonce de Abdelmadjid Tebboune, promettant de revoir les salaires des travailleurs de l'éducation, Boualem Amoura se montre perplexe et explique que le contexte économique que nous vivons ne permet nullement de s'engager sur ce terrain. «A mon avis, ça reste une promesse comme une autre, et sa concrétisation n'est pas évidente», a-t-il estimé. Sollicité sur les mêmes questions que son homologue du Satef, Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), a déclaré que les assurances de Abdelmadjid Tebboune sur le fait qu'il n'y aura pas d'année blanche ne sont pas surprenantes, en sachant que cela était évident. «Je rappelle que 80% du programme scolaire ont été réalisés». Par conséquent, les cours du dernier trimestre peuvent facilement être compensés. Meziane Meriane soulève, en revanche, que Abdelmadjid Tebboune n'a «annoncé aucune nouveauté concernant la date de la tenue du baccalauréat». Le représentant du Snapest a, par ailleurs, exprimé à son tour une grande inquiétude quant au déroulement de cet examen, et dans quelles conditions. «Nous avions proposé le report du bac au mois de septembre», mais au vu de l'évolution de l'épidémie «les craintes persistent», explique-t-il. Meziane Meriane avance que si les autorités venaient à fixer la date du baccalauréat au mois de juin «elles devraient en assumer l'entière responsabilité». Selon lui, une telle décision ne doit pas être prise à la légère «et doit faire l'objet d'une mûre réflexion». Il considère qu'à première vue, les conditions sanitaires des établissements scolaires, à savoir le manque de moyens, «masques, solutions désinfectantes… ne sont pas propices à l'organisation d'un examen». Revenant lui aussi sur l'annonce du Président liée à la révision des salaires du personnel de l'éducation, Meziane Meriane admettra ne pas croire à la concrétisation de cette promesse, expliquant que «la conjoncture économique ne s'y prête pas». Il soutient que les salaires sont octroyés par une économie saine et qui produit des richesses jugeant, de ce fait, «qu'on ne peut en dire autant de la nôtre, notamment dans ce contexte de crise». M. Z.