Après celui du Fonds monétaire international (FMI), le tout dernier rapport traitant de la conjoncture économique mondiale a été émis il y a deux semaines par l'autre institution de Bretton Woods, la Banque mondiale. Celle-ci s'est révélée finalement moins alarmiste que le FMI dans ses prévisions pour cette difficile année 2020. On n'avait certainement pas besoin du FMI ou de la Banque mondiale pour comprendre que le monde est entré en récession économique comme jamais auparavant, récession plus grave que celle d'il y a une dizaine d'années et relègue à un rang plus bas désormais la Grande dépression des années 1930, mais l'éclairage des deux institutions de Bretton Woods ajoute à la possibilité de voir encore mieux l'horizon économique, notamment pendant certaines conjonctures très singulières comme c'est le cas en ce moment avec le Covid-19. Tout comme le FMI qui trouvait que «cette crise ne ressemble à aucune autre. Premièrement, le choc est violent. Les pertes de production liées à cette urgence sanitaire et aux mesures prises pour l'endiguer sont probablement bien supérieures aux pertes qui ont déclenché la crise financière mondiale. Deuxièmement, comme pour une guerre ou une crise politique, la durée et l'intensité du choc demeurent très incertaines. Troisièmement, dans ces circonstances, la politique économique joue un rôle très différent», pour la Banque mondiale, en revanche, le constat est que l'Algérie fait face à un «choc combiné» qui se matérialise par la réduction de moitié des prix du pétrole et les conséquences des perturbations économiques mondiales à la suite de l'épidémie de Covid-19. En effet, selon la BM, un prix du pétrole à 30 dollars le baril en 2020 entraînerait une baisse de 21,2% des recettes fiscales totales de l'Algérie. Malgré des coupes dans les investissements publics (-9,7%) et la consommation publique (-1,6%) envisagées par la loi de finances 2020, le déficit budgétaire passerait à 16,3% du PIB. La forte baisse des revenus tirés des exportations (-51%) mènera le commerce à un déficit qui devrait atteindre 18,2% du PIB alors que le déficit du compte courant atteindra un pic à 18,8% du PIB en 2020, malgré les efforts pour contenir les importations et la faiblesse de la demande intérieure. Et à l'institution d'avertir qu'à la fin de cette année, si de nouvelles mesures ne sont pas entreprises, les réserves de change tomberont à 24,2 milliards de dollars, soit à peine une demi-année d'importations. On rappellera que de l'avis du FMI, les perspectives économiques de l'Algérie ne prêtent franchement pas à l'optimisme. En effet, si l'on doit s'y fier, le produit intérieur brut réel (PIB) algérien qui avait connu une très relative progression de 0,7% en 2019 devrait subir une brutale chute de 5,2% à l'issue de cette année pour cause d'arrêt de l'activité dû au coronavirus et son impact sur la source principale de financement de notre économie qui, à en croire le FMI, se rependra en 2021 avec un PIB en croissance de 6,2% et ce, malgré des indicateurs peu encourageants à commencer par les prix à la consommation qui passeront de 2,0% en 2019 à 3,5% cette année puis 3,7% en 2021. La balance courante, quant à elle, devrait connaître une baisse de 18,3% cette année puis 17,1% en 2021, alors qu'elle avait diminué de 9,6% l'année dernière. Pour les prédictions de la Banque mondiale, même si elles sont aussi négatives, elles sont dans une certaine proportion moins alarmantes. Selon les prédictions de la BM, le PIB devrait se contracter de 3%, du fait, entre autres, de la contraction des investissements publics qui représentent 44% de l'ensemble des investissements du pays. Et puis « les mesures de confinement, telles que la restriction des mouvements et les rassemblements, aggravées par une forte incertitude économique, décourageront consommation et investissements privés», avertit la BM. Ainsi, selon la Banque mondiale, le PIB sera cette année de -3%, alors que le FMI l'a évalué pratiquement au même moment à -5,2%. Quant aux perspectives pour 2021 et 2022, le PIB sera de 1,1% puis 1,8% selon la Banque mondiale, tandis que le taux d'inflation, après avoir atteint 4,0% à la fin de cette année, il devrait retomber à 3% lors des deux prochaines. À l'instar de celles du FMI, les perspectives économiques qui attendent l'Algérie, selon la Banque mondiale, ne sont pas brillantes pour 2020. Les temps s'arrangeront presque du tout au tout à partir de l'année prochaine, comme s'y attend l'institution jumelle de la Banque mondiale, le FMI. Azedine Maktour