Le directeur de l'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep) a affirmé que la distribution de la publicité obéira dorénavant à des critères bien définis, afin de venir à bout de l'anarchie qui règne à ce niveau. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - L'ère de la distribution de la publicité publique au gré des intérêts des uns et des autres sera-t-elle réellement révolue ? C'est du moins l'engagement pris par celui qui est à la tête de l'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep), Larbi Ounoughi. Intervenant, hier dimanche, sur les ondes de la Radio Chaîne 1, celui-ci a fait état des «graves dépassements» qui ont marqué, des années durant, «la gestion de cette agence ». Il a dévoilé dans ce sillage qu'en l'absence d'outils de régulation, l'attribution des espaces publicitaires à certains médias au détriment des autres s'est faite « sur des bases illégitimes». Larbi Ounoughi rappelle à ce titre que «depuis sa création, l'Anep n'a jamais établi de critères clairs accompagnant la distribution de la publicité». Ce dernier insiste en assurant que les choses prendront désormais un autre tournant. Il annoncera d'ailleurs que le ministère de la Communication mettra en place «14 critères destinés à réguler la distribution de la publicité». Dévoilant quelques-uns de ces critères, Larbi Ounoughi évoque l'obligation d'être inscrit sur le registre de commerce, de déterminer le nombre exact de tirages des journaux et encore de déclarer tous ses employés en définissant leurs tâches réelles au sein de tel ou tel organe de presse. Le directeur de l'Anep a, dans ce sens,tenu à dénoncer «les agissements » de certains patrons de média qui ont joui, ces dernières années, de sommes faramineuses grâce à leur quota quotidien de publicité publique, car «influent». Il soutient que «le plus révoltant», c'est que ces mêmes personnes «n'ont jamais daigné améliorer les conditions socioprofessionnelles de leurs journalistes et autre personnel». Il a considéré, en outre, que le fait de n'avoir mis en place aucun outil de régulation en matière de distribution est «intentionnel et voulu », et c'est ce qui a donné lieu, appuie-t-il ,à cette anarchie. Larbi Ounoughi prévient, par conséquent, «la situation est en passe de changer», affirmant que «les coups de téléphone ou toute autre forme de chantage pour obtenir un quota de publicité pour tel ou tel ne seront plus tolérés». Le représentant de l'Anep tient encore à préciser que l'agence qu'il préside est une entreprise économique et qu'elle relève d'un bien commun, précisant que l'argent qu'elle gère appartient au Trésor public. Il soutient que son rôle est justement de veiller à ce que cet argent revienne aux entreprises qui remplissent les conditions conformes à la loi. «Il faut que certains comprennent que l'argent généré par la publicité publique n'est pas destiné à satisfaire des intérêts personnels », a-t-il fait remarquer. Larbi Ounoughi a, par ailleurs, rappelé que la volonté de réguler la distribution de la publicité fait partie de la nouvelle orientation du ministère de la Communication, dont le but est de réorganiser et de nettoyer le secteur. Il a rappelé à ce titre que le département de la communication avait entamé une série d'ateliers traitant de «tous les aspects de la presse en Algérie, dans le but de l'améliorer», a-t-il indiqué, relevant que même si tout est à l'arrêt en ce moment «le travail se poursuit toujours en interne». Larbi Ounoughi estime qu'il est grand temps de «purifier ce secteur» et d'en éloigner les personnes qui, dit-il, «tirent ce métier vers le bas». D'après lui, les dérives qui ont entaché la presse algérienne sont le fruit de parties qui n'ont «aucun lien avec le journalisme et qui mènent délibérément ce secteur à sa perte», a-t-il insisté. Interpellé sur l'état des lieux de la liberté de la presse en Algérie, au moment où des journalistes sont emprisonnés, Larbi Ounoughi juge que ces journalistes ont été emprisonnés pour d'autres raisons bien spécifiques, qui n'ont «rien à voir avec leur façon de penser». Selon lui, il n'est pas question de «limiter le champ de la liberté d'expression» mais chaque journaliste «doit être pleinement conscient qu'il doit assumer ses responsabilités avant d'écrire ou de dire quelque chose». Larbi Ounoughi souligne qu'il est le «premier à encourager la liberté de la presse», insistant sur la nécessité de balayer les obstacles qui tendent «à entraver le métier de journaliste». M. Z.