Le nouveau patron du quotidien national d'information arabophone El-Massa, Larbi Ounoughi, contacté par nos soins, parle de la situation du journal qu'il dirige à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse. Il dira que les journaux publics en général ne sont pas les chouchous de l'Etat, mais, au contraire, victimes de leur statut. Ligotés par la bureaucratie imposée par la Société de gestion des participations (SGP). Il évoquera, notamment, la manne publicitaire gérée par l'Anep qui, selon lui, contrairement aux idées reçues, ne profite pas aux journaux publics dont le sien, mais à des publications privées qui engrangent des milliards en négligeant même la couverture sociale des journalistes et autres employés. Larbi Ounoughi estime aussi qu'il n'y a pas un critère juste pour la répartition de la manne publicitaire. Il donne l'exemple de son journal qui souffrirait énormément de l'absence d'une distribution équitable de la publicité via l'Anep même si la publication qu'il dirige a une mission de service public. Il fera remarquer que c'est une entreprise publique économique qui ne bénéficie pas de subventions de l'Etat. « Est-ce sur la base du payement des impôts, de la Cnas, de la ligne éditoriale ou du nombre de tirages qu'on distribue la publicité ? », s'interroge-t-il. Il précisera que le journal El-Massa est une EPE régie par les lois et la réglementation en vigueur. « Certains ministres qui se sont succédé n'ont pas compris que le journal El-Massa est une entreprise économique et non pas un Epic (établissement public à caractère industriel et commercial, ndlr). Nous sommes obligés de diversifier nos ressources pour pouvoir survivre car nous n'avons pas de subventions de l'Etat », souligne le Pdg du journal El-Massa, tout en s'interrogeant sur le rôle de la Société de gestion des participations (SGP) dans la dynamisation du secteur de la presse publique.« Quelle mission a cette entité ? Moi, je ne vois pas son utilité », fait-il remarquer. Larbi Ounoughi estime que la presse publique est laissée pour compte depuis l'ouverture du champ médiatique en 1990 et c'est la presse privée qui s'est développée à travers la publicité de manière inéquitable. « J'ai dirigé le journal An Nasr et actuellement je suis à la tête du journal El-Massa et nous n'arrivons pas à acheter un siège social, alors que certains journaux privés ont acquis des locaux estimés à plusieurs milliards. Je ne blâme personne, mais j'estime que la règle commerciale doit s'appliquer à tout le monde. Or, ce n'est pas le cas », souligne Ounoughi selon qui un plan d'action s'impose pour son journal menacé de disparaître si les pouvoirs publics n'agissent pas pour rééquilibrer la distribution de la publicité venant de l'Anep. En matière d'information et de liberté de la presse, Larbi Ounoughi estime que son équipe et lui font un journal public avec une touche professionnelle, loin du sensationnel, mais beaucoup plus proche du lectorat qui retrouve un journal El-Massa plus fiable et plus riche en matière d'informations. Notre interlocuteur situe la bataille qu'il fait mener au journal-celle de diversifier les ressources hors Anep-sur le même niveau que celle menée par le pays pour réduire sa dépendance aux hydrocarbures.