En réaction à la hausse manifeste du nombre de cas de contamination au Covid-19 le long du mois de Ramadhan, les membres du Comité scientifique chargé de l'évolution de l'épidémie suggèrent un confinement général et total durant les deux jours de l'Aïd el fitr. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Constatant que la courbe de contaminations ne cesse d'augmenter à vu d'œil après une décrue avérée il y a quelques semaines, le Comité scientifique redoute que la célébration de l'Aïd favorise de nouvelles contaminations. « Sur le plan sanitaire, l'Aïd est tout indiqué pour contribuer à étendre l'épidémie plus qu'elle ne l'est déjà », a confié au Soir d'Algérie Mohamed Bekkat Berkani, le président de l'Ordre des médecins et membre du comité scientifique. Il fait observer que les chiffres des nouvelles contaminations n'augurent rien de bon, d'où la nécessité, estime-t-il, d'instaurer « un geste barrière national ». Mohamed Bekkat Berkani explique que ce confinement général s'impose notamment « après que nous avons constaté le manque d'assiduité dont a fait preuve une bonne partie de la population en ce mois de Ramadhan ». Selon lui, c'est ce qui explique sans nul doute « le nombre de cas journalier », a-t-il regretté. Le président de l'Ordre des médecins tient à faire comprendre que la facilité avec laquelle se transmet le virus ne permet pas aujourd'hui de célébrer cet Aïd dans les normes. Ainsi, les visites familiales, au même titre que les rencontres religieuses, sont, dans de pareilles circonstances, totalement « proscrites », prévient-il. Interrogé sur la mise en place d'un dispositif particulier qui accompagnera cet éventuel confinement général, notre interlocuteur fait savoir que le ministère du Commerce « prendra des dispositions de permanence ». Ce qui pourra couvrir la demande pour deux ou trois jours au moins. Il précisera encore que de toute manière « les Algériens ont fini par prendre l'habitude de faire des stocks ». Un point qui, d'après le docteur Berkani, ne pose aucun problème. Il estime que cette voie est la plus sûre pour éviter « des clusters familiaux », c'est-à-dire des contaminations de masse entre les membres d'une famille. Pour Mohamed Bekkat Berkani, l'heure est à la prudence dans la mesure où « on ne peut permettre que le nombre de cas augmente davantage ». Il fera remarquer qu'au moment où d'autres pays ont pu contenir si ce n'est vaincre le virus, l'Algérie, elle, patauge. Surtout que , rappelle-t-il, « elle a été le pays précurseur dans le traitement du Covid-19 ». «Il faudrait que nous ayons des résultats à la hauteur de nos prétentions », a-t-il soutenu. Par ailleurs, en ce qui concerne la proposition d'aller vers un confinement général durant les deux jours de l'Aïd, le docteur Bekkat Berkani a fait savoir que cette proposition a été formulée par le Comité scientifique et que la décision de l'imposer ou pas revient à l'ensemble des membres du gouvernement. Il faut rappeler dans ce registre que le ministère de la Santé a déjà annoncé des mesures allant dans le sens d'endiguer la courbe ascendante des cas de contamination au Covid-19. En effet, le premier responsable du secteur a annoncé l'interdiction des circoncisions collectives cette année dans les hôpitaux d'Alger. « La nuit du 27e jour du Ramadan de chaque année, des centaine, voire des milliers de circoncisions sont programmées dans les hôpitaux algériens. C'est pour cela qu'on a décidé d'interdire l'organisation de cette opération cette année », a-t-il déclaré. Une décision qui nous amène à penser que le confinement total durant l'Aïd suivra. M. Z.