C'est ce matin à 11h que se tiendra l'audition du DG de la SSPA Black Eagles dépendant de l'ES Sétif, Fahd Halfaïa, par les membres de la commission de discipline de la LFP. Cette dernière l'avait suspendu à titre conservatoire, jeudi passé, au lendemain de la diffusion sur les réseaux sociaux d'un enregistrement sonore dans lequel deux personnes évoquaient l'arrangement croisé de certains matchs de la Ligue 1. Un document sonore qui a fait réagir aussi bien l'opinion publique que les autorités sportives du pays. La FAF a dénoncé, alors que le MJS a condamné une telle pratique qui nuit au football en Algérie. De son côté, le boss de la SSPA de l'équipe sétifienne s'est défendu d'être une des deux parties concernées par la conversation téléphonique. Son conseil d'administration s'était réuni à deux reprises (jeudi et vendredi) pour l'écouter sans vraiment prendre sa cause, encore moins l'enfoncer. Le club d'Aïn Fouara s'en était simplement remis à la réglementation en vigueur sachant que l'accusé est innocent jusqu'à preuve de son implication. Ce qui laisse supposer que l'ESS se réserve le droit d'entreprendre toute action légale aussitôt l'authenticité ou non du document sonore établie. Par qui ? La question reste entière tellement les membres de la commission de discipline de la Ligue de football professionnel n'ont aucun outil technologique pour dire qui sont réellement les deux personnes qui conversaient et manigançaient des matchs du championnat. D'habitude, la CD/LFP table sur les documents authentifiés des officiels pour prononcer ses sanctions. Aujourd'hui, il s'agira pour Me Kamel Mesbah et ses pairs d'établir si Fahd Halfaïa est une des deux parties qui complotaient pour l'arrangement de certaines rencontres. Une enquête qui requiert des moyens spécifiques que seule la police scientifique est en mesure de fournir. Ce qui est exclu dans le cas qui se présente, les instances du football n'ont pas droit de saisir d'autres autorités pour les affaires liées au football. Sauf s'il s'agit de délits dûment établis. C'est de la requalification de l'affaire que pourrait, en effet, jaillir la vérité. Ce qui signifie que l'audition d'aujourd'hui ne sera que de pure forme. Au mieux, la CD/LFP portera l'affaire à l'appréciation des instances du football (LFP et FAF) lesquelles ont latitude de mieux «apprécier» le dossier. La FAF a déjà fait savoir qu'elle a mis en œuvre un «protocole» dans lequel la Chambre d'éthique et le département intégrité pour respectivement entendre «les deux personnes une fois identifiées» et «conduire les investigations nécessaires». Là aussi, la question est de savoir si la FAF dispose de moyens techniques pour procéder à l'authentification du document sonore. L'absence d'un accusateur, l'autre dilemme Techniquement impossible à mener par les structures du football, l'enquête pour l'authentification des voix des deux individus impliqués dans la conversation l'est tout aussi quand on sait que le document sonore a été récupéré à partir de révélations faites sur des réseaux sociaux. Donc, en mesure d'être de faux. La LFP et la FAF n'ont pas latitude à travailler sur des documents qui ne portent pas de signature (P-V, rapports d'officiels, etc.). Le seul élément à qui ces deux instances pouvaient s'accrocher aurait été, à défaut d'un aveu de M. Halfaïa lors de son audition ce matin, un témoin. Or, aucune personne ni aucune structure n'est derrière la diffusion de ce qui semble un «tract» même s'il semble bien que le dirigeant de l'ESS soit identifié grâce à sa voix. Ceci dit, là aussi, la manipulation via des techniques très pointues peut nous faire croire que l'un des individus auteurs de la conversation est Fahd Halfaïa. Ce dernier a clamé son innocence et a dénoncé «un enregistrement monté de toutes pièces», comme rapporté dans le communiqué du club, vendredi. D'ailleurs, lui aussi a décidé de «déposer plainte contre les personnes qui sont derrière cet enregistrement téléphonique qui a été partagé par des milliers de personnes sur les réseaux sociaux». Halfaïa ne cite pas ces personnes, ces accusateurs qui tentent de nuire «à sa personne et à l'équipe de l'ESS», lit-on encore dans le communiqué du club sétifien. D'où cette hypothèse très plausible : Halfaïa passerait d'accusé à accusateur s'il venait à citer une ou plusieurs personnes qui seraient derrière cette machination. C'est à partir de cette étape que la LFP et la FAF peuvent vraiment mieux apprécier l'affaire et démêler l'écheveau. Autrement, le dossier n'ira nulle part, sinon dans les oubliettes. M. B.