Un constat alarmant sur l'évolution de la situation épidémiologique a été dressé par les professeurs de médecine du Centre hospitalo-universitaire Mohamed-Saâdna-Abdenour de Sétif. Conviés, jeudi, à une réception organisée en l'honneur du personnel soignant par le wali de Sétif, les spécialistes en médecine ont été tous unanimes à tirer la sonnette d'alarme sur l'évolution de la maladie et la façon virulente dont elle s'en prend à ses victimes, et se disent moins optimistes quant à la maîtrise de l'épidémie en un laps de temps réduit, pointant un doigt accusateur vers l'indifférence, l'insouciance et l'inconscience de la majorité écrasante des citoyens. Lors de son intervention, le Pr Mahnane Abbès, directeur des activités médicales et paramédicales au niveau du CHU de Sétif, a tenu à alerter les pouvoirs publics et la population de la wilaya de Sétif sur la situation épidémiologique liée au Covid-19. « Depuis le 15 mars et à la date d'aujourd'hui, nous avons enregistré au niveau du CHU de Sétif 629 malades dont 226 ont été déclarés positifs, 320 ont été testés négatifs, 83 sont en attente des résultats, 8 malades sont actuellement hospitalisés au niveau du service de réanimation et, malheureusement, nous avons déploré le décès de 17 personnes. Toutes les courbes de l'évolution de la pandémie sont au rouge. Si on continue sur cette lancée, Sétif va détrôner Blida et Alger en nombre de personnes contaminées. Le nombre des consultations augmente chaque jour, de même que le nombre de cas hospitalisés et ce sont tous des cas graves qui arrivent à l'hôpital. Le nombre de décès ne cesse, lui aussi, d'évoluer. Avant, on enregistrait un décès tous les dix jours mais aujourd'hui, on comptabilise un décès par jour », affirme le praticien. Ce dernier a exhorté les autorités à mobiliser d'autres structures afin d'augmenter le nombre de places pour les cas suspects et les cas confirmés, et d'impliquer le personnel médical et paramédical et agents de service des autres secteurs tels que la Cnas, l'université et autres organismes, et aussi, de faire appel à la contribution des retraités du secteur de la santé ainsi que celle des centres d'imagerie privés. « Le personnel soignant est épuisé physiquement et psychologiquement. Nous sommes en sous-effectif actuellement. Nous avons 8 éléments du personnel soignant atteints du Covid-19 hospitalisés au CHU. Nous plaidons pour l'utilisation d'hôpitaux de campagne avec le soutien du ministère de la Défense nationale », dira-t-il. Les médecins ont également soulevé le problème récurrent du manque de moyens ,de protection notamment. « Malgré nos sollicitations auprès de la Pharmacie centrale des hôpitaux, le taux de satisfaction de nos besoins en matériels de protection est très faible et ne peut couvrir le minimum de nos besoins », a-t-il déclaré. À la fin, les médecins exhortent aussi bien les responsables que la population à faire preuve de plus de vigilance et de sens des responsabilités. « On recense de plus en plus de cas très graves avec un grand risque de décès. C'est les conséquences de l'insouciance des citoyens et du laisser-aller « toléré » durant le mois de Ramadhan. Et pour inverser cette courbe, seules les actions de prévention pourront réussir à maîtriser cette situation si l'on a vraiment la volonté d'en finir avec cette pathologie », a conclu le Pr Mahnane. Imed Sellami