La situation épidémiologique dans la wilaya de Sétif est jugée critique au vu de la courbe ascendante des cas positifs au Covid-19, avec les 20 nouveaux cas enregistrés jeudi dernier, dont dix membres du personnel de l'hôpital mère et enfant El-Djida-Belhadi d'El-Eulma. Les cas de contamination ont été confirmés. Il s'agit d'une anesthésiste enceinte de sept mois qui n'a pas bénéficié d'un congé exceptionnel, de deux gynécologues, de deux réanimatrices dont un médecin chef de service, de cinq anesthésistes et du chef du bloc opératoire. Selon les premiers éléments de l'enquête épidémiologique, les patients ont été contaminés par leur collègue, une anesthésiste de Sétif qui exerce au même hôpital qui, à son tour, a été contaminée par sa belle-sœur exerçant à la maternité de Sétif, où seize membres de cette structure attendent toujours les résultats des analyses de l'Institut Pasteur de Constantine. Au même moment, le CHU Saâdna-Abdennour du chef-lieu de wilaya traverse une crise de gestion sans précédent au point où la révision du dispositif de prise en charge des cas de Covid-19, mis en place en mars, devient une nécessité. La situation qui, selon les responsables du CHU, est inquiétante, a laissé place à la panique qui pourra se répercuter sur la prise en charge des patients. En effet, selon un rapport présenté, jeudi dernier, lors d'une rencontre avec le wali, les responsables du CHU ont tiré la sonnette d'alarme et plaidé pour la réquisition et l'ouverture de nouvelles structures dont des auberges, hôtels ou centres de formation professionnelle pour l'accueil des patients, la mise à la disposition du CHU et l'autorisation de mobilisation de médecins bénévoles dont des praticiens d'autres secteurs et des retraités pour venir en aide aux praticiens du CHU. Le rapport relève que le CHU a enregistré, depuis le 15 mars, l'hospitalisation de 629 patients dont 226 positifs, 320 négatifs, 83 suspects, 17 décès et 8 patients en réanimation. "Tous les indicateurs épidémiologiques de surveillance de la pandémie sont au rouge. Le CHU déborde et la nécessité d'ouvrir d'autres espaces pour accueillir les patients s'impose", dira le Pr Mehnane, épidémiologiste et directeur des activités médicales de l'établissement. Cependant, lors de son intervention, le wali de Sétif, Mohamed Belkateb, s'est voulu plus rassurant. Un praticien a indiqué que le constat du wali paraît logique car le directeur des activités médicales a, dans une récente déclaration aux médias, annoncé que le CHU enregistre 62 patients positifs et 22 suspects tout en soulignant que la structure est saturée. "Comment le CHU est saturé avec 84 patients alors que tous les services qui comptent mille lits doivent être, selon la note n°12 du 25 mars 2020, exclusivement dédiés au Covid-19 ?", s'est interrogé le spécialiste. Et d'ajouter : "Avant de demander d'autres structures, il faut d'abord exploiter à bon escient et au maximum les services du CHU et réorganiser le circuit de prise en charge des patients en respectant la note précitée qui représente une feuille de route. Il a été rapporté que les enquêtes épidémiologiques ne sont pas menées convenablement car le nombre d'enquêteurs, appelés traceurs, est insuffisant." Cette déclaration confirme les dires d'une praticienne de l'unité Covid-19 du CHU, qui a affirmé qu'après plusieurs jours d'hospitalisation, l'enquête épidémiologique autour des membres de sa famille n'a pas été élaborée. Par ailleurs, une femme enceinte de 30 semaines admise depuis quelques jours au service de gynécologie de la maternité de Sétif avec des difficultés respiratoire (dyspnée de repos), testée positive au coronavirus, a rendu l'âme vendredi. La défunte a été admise en réanimation juste après avoir accouché d'un bébé qui a rendu l'âme, deux jours auparavant, à la maternité de l'unité Harchi-Messaouda d'El-Bez de Sétif. Le CHU a également déploré, jeudi soir, son dix-neuvième décès au coronavirus. Il s'agit d'une femme de 68 ans souffrant d'une comorbidité. Ainsi le nombre de personnes décédées par coronavirus au niveau de la wilaya est de 52 depuis le début de la pandémie. FAOUZI SENOUSSAOUI