Les premières chaleurs à peine installées que beaucoup de plages ont été prises d'assaut, nécessitant parfois l'intervention de la force publique pour rappeler les gestes barrières mais surtout la conjoncture exceptionnelle faite de risques de contagion. Rien n'indique que l'été signera la fin de la pandémie. Rimera-t-il cette année avec vacances ? Rien n'est moins sûr ! Ni les professionnels du secteur, ni les vacanciers potentiels n'arrivent encore à se projeter. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Dans plusieurs wilayas côtières, l'accès aux plages est soit formellement interdit par décision soit implicite puisque des communes ont bloqué l'accès avec des blocs de béton. Le décor est ainsi planté : cet été ne ressemblera en rien à ceux d'avant la pandémie de coronavirus. Alors que traditionnellement, le mois de juin signe la fin des préparatifs pour le lancement de la saison estivale, il se conjugue cette année avec la plus grande des incertitudes. Et pour cause : nul n'est en mesure de dire si la situation épidémiologique se stabilisera dans les semaines à venir, ouvrant les voies du possible autant pour des professionnels éprouvés économiquement que des estivants potentiels lassés par les contraintes du confinement. Mais qu'est-ce qui sera possible cet été ? Pour beaucoup de personnes, les possibilités se rétrécissent comme une peau de chagrin et pour cause, un grand nombre de travailleurs ont été contraints de consommer leurs congés durant le confinement. Pour eux, plus aucune chance de penser évasion. Ceux n'ayant pas cette contrainte devront composer avec ce qui sera du domaine du possible : les frontières seront- elles encore fermées ? Quels pays pourront accueillir des Algériens ? Ces derniers dépasseront-ils la barrière des craintes liées au Covid-19 ? Ceux qui feront le choix du tourisme local pourront-ils se déplacer librement, louer chez l'habitant, aller à l'hôtel ? Autant de questions auxquelles même les professionnels du tourisme n'ont, à ce stade, pas de réponses. Le secrétaire général de la Fédération nationale des agences de tourisme et de voyages (FNAT) assure que le secteur fait face à « une grosse inconnue ». Nedjah Boudjelloua considère que pour pouvoir formuler une offre touristique pour cette saison estivale, les différents maillons de la chaîne ont besoin de signaux forts de la tutelle. Plus de 3 000 agences de voyages sont actuellement fermées avec pas moins de 20 000 emplois menacés. Difficile dans ces conditions de se projeter, estime notre interlocuteur qui s'interroge sur l'ouverture des frontières et la capacité des pays réceptifs à accueillir les Algériens, mais également sur les capacités offertes par le secteur pour satisfaire la demande. Le secrétaire général de la FNAT est formel : l'offre balnéaire est réduite en termes de capacités d'accueil, sans compter la problématique des tarifs et de la compétitivité. Ce qui lui fera dire que si une offre locale attractive n'est pas en mesure d'être proposée, c'est une offre émanant des pays qui scrutent déjà la situation sanitaire en Algérie qui sera prédominante. Pour sauver la filière de la banqueroute, le SG de la FNAT plaide pour une reprise progressive de l'activité, ce qui nécessite, dit-il, l'élaboration d'une véritable stratégie. Et à ce stade, les regards se tournent vers le ministère du Tourisme qui est attendu sur ce dossier. Les acteurs de la filière ont déjà élaboré leurs propositions plaidant pour une exonération des impôts, un plus grand accompagnement par les banques, et un meilleur accès aux crédits d'exploitation. Pas de réponses de la part de la tutelle qui est, pour le moment, focalisée sur le protocole sanitaire qui devra désormais accompagner l'offre touristique. Les mesures qui seront imposées aux gérants des hôtels ne seront pas sans incidence financière. Qui en supportera le poids ? Quelles conséquences sur les tarifs ? Encore des questions qui ajoutent un peu plus d'incertitudes sur la saison estivale. N. I.