Structures d'accueil insuffisantes, prix élevés, qualité de service médiocre et plages payantes sont autant de facteurs dissuasifs pour les Algériens. "Les hôtels en Algérie, qu'il s'agisse de ceux relevant du public ou, encore pire, du privé, sont considérés comme étant les plus chers du pourtour méditerranéen et parmi les plus chers au monde", ont estimé des professionnels du secteur sollicités hier pour comprendre pourquoi les Algériens, du moins ceux qui le peuvent, préfèrent aller passer leurs vacances à l'étranger. Ils étaient 3 millions à avoir passé les frontières en 2016, selon des sources douanières qui ont donné près de 5 millions pour l'année dernière, et la tendance va crescendo. C'est dire que la crise n'a aucunement altéré le choix des Algériens de "trouver refuge", le temps d'un séjour de détente, sous des cieux plus cléments en termes de prix et de qualité de service. "La décision est très vite prise lorsqu'on voit que les prix affichés par la Tunisie, pour ne citer que cet exemple, défient toute concurrence", nous a déclaré, pour sa part, Ali Yahi, responsable de l'agence Bicha-Voyages. Il explique : "Les tarifs algériens dépassent tout entendement, sans même que la qualité de service soit au rendez-vous." Notre interlocuteur persiste et signe : "En tant que professionnels des voyages, nous n'avons aucun argument pour convaincre les Algériens à rester au pays." Un avis que partage entièrement Sofiane Benali, patron de l'agence S to S Travel, qui va plus loin dans son analyse : "Le mal dans le secteur du tourisme est très profond et ne se résume pas à la saison estivale qui, du reste, ne se prépare pas au mois de mars", nous a confié ce membre du Syndicat national des agences de voyages (Snav) et spécialiste du produit saharien. Sofiane Benali estime qu'"il est puéril et même insensé de s'entêter à faire croire que l'Algérie est ou peut être une destination balnéaire en l'état actuel des choses". Il ne comprend pas d'ailleurs pourquoi on se focalise sur un savoir-faire que nous ne possédons pas pendant qu'on délaisse un produit tout prêt comme c'est le cas pour le produit saharien. Hamza Baba Aïssa de Gouraya Tour explique, quant à lui, que "près de 80% du forfait payé pour un séjour touristique reste en Algérie et seulement 20 à 30% vont au partenaire dont le client algérien s'en acquitte sur place. Ce serait tromper l'opinion que de dire que c'est cela qui fait sortir la devise algérienne à l'étranger". Politique tarifaire des hôtels : tout est à revoir "Notre pays aujourd'hui n'est pas doté de station balnéaire", reconnaît Nadjah Boudjelloua, SG de la Fédération des agences de voyages (Fnat). Ce professionnel des voyages estime que "la capacité des quelques unités hôtelières dont dispose l'Algérie est très insuffisante et, qui plus est, le rapport qualité/prix est loin d'être attractif". À cela s'ajoute l'offre privée proposée sur internet qui permet au touriste algérien de préparer son voyage et de consulter les avis sur la destination et sur le package proposé par les agences de voyages, et le choix est varié, le tout à des prix attractifs. Ceci rend caduque toute tentative des pouvoirs publics de retenir les Algériens, à l'image de la convention signée récemment entre l'UGTA et le Groupe HHT, qui intervient tard et s'avère être tardive, à plus forte raison que les plannings des entreprises pour la partie œuvres sociales sont ficelés depuis déjà un moment. "Il y aura toujours des Algériens qui passeront leurs vacances ici, comme ça a toujours été le cas. Le pays ne va pas se vider entre juillet et août. Mais on n'attend pas la dernière minute pour initier des actions", nous a déclaré un agent de voyages dont l'avis est partagé par Mohamed Azerguerras, responsable de l'agence Leader Tours et SG du Snav, qui a assuré également que "nous n'avons rien vu de cette convention". "Il n'est pas concevable, à titre d'exemple, qu'une résidence à Mostaganem revienne à 224 000 Da pour un séjour de 15 jours au mois d'août, sans pension et sans même un petit déjeuner, alors qu'en Tunisie, pour ce prix-là, on peut avoir un hôtel haut standing en demi-pension, avec le confort et la qualité de service souhaités." Nabila Saïdoun