L'installation des passages de désinfection des personnes est désormais interdite. Le ministère de la Santé alerte sur les dangers de ces tunnels dus à l'exposition aux produits désinfectants utilisés, qui portent atteinte à la santé des usagers. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Plusieurs services des établissements hospitaliers ont été dotés, dès le début de la propagation du coronavirus Covid-19, de tunnels de désinfection. Ces passages ont vite été adoptés par d'autres structures sanitaires et même commerciales notamment les marchés, les commerces et quelques ports. Mis en place pour désinfecter les personnes de la tête aux pieds grâce à un produit antiseptique atomisé en une fine brume, ces passages de désinfection ont été finalement contestés par le ministère de la Santé. Dans une note adressée à l'ensemble des walis, la Direction générale de la prévention et de la promotion de la santé alerte ainsi sur le danger de ces appareils de désinfection. «Ces tunnels, dont le fonctionnement est basé sur l'aspersion de produits désinfectants qui sont toxiques et extrêmement irritants pour la peau et les muqueuses, peuvent être à l'origine de bronchospasmes dus à l'inhalation et également à des effets gastro-intestinaux tels que la diarrhée et les vomissements», précise-t-on. Le professeur Habib Douaghi, pneumologue et allergologue au CHU de Beni Messous, à Alger, assure qu'il a été le premier à avoir alerté sur l'utilisation des tunnels de désinfection. «J'avais interpellé les autorités sanitaires sur le principe de précaution quant à l'utilisation de ces tunnels sanitaires. L'alerte que j'ai donnée a eu finalement un écho et un résultat très positif», se réjouit-il. Il rappelle, à cet effet, les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) quant au danger de ces appareils. «Il y a près de 15 jours, l'OMS avait donné une alerte pour arrêter la mise en place de ces tunnels sanitaires. Depuis, certains pays ont décidé le retrait de tous ces tunnels», dit-il. Le Pr Douaghi précise, par ailleurs, que ces passages, destinés à l'origine pour la désinfection du matériel hospitalier, utilisent de l'eau de Javel. Selon lui, même à basse concentration, ce produit désinfectant provoque rapidement des pneumopathies et des bronchospasmes sévères chez l'être humain. Il précise également que le formaldéhyde, une substance chimique utilisée pour remplacer l'eau de Javel, entraîne, pour sa part, des cancers. Qualifiant l'alerte du ministère de la Santé de «timide», le pneumologue et allergologue estime que la tutelle ne doit pas se contenter d'émettre une simple recommandation mais plutôt interdire l'utilisation de ces tunnels afin de protéger les citoyens. «Il s'agit d'un appareil provoquant des allergies et des cancers», note-t-il encore. Le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil national de l'Ordre des médecins algériens et membre de la Commission scientifique pour le suivi de l'évolution du Covid-19, souligne, par contre, qu'il s'agit d'une interdiction de l'utilisation des tunnels de désinfection. «Le principe de pulvériser sur un individu, sa tête, son visage et ses vêtements un produit quel qu'il soit et qui risque d'être dangereux est remis en cause. Ces tunnels représentent plus de risques que d'avantages», explique-t-il. Ry. N.